Classiquement, les lois distinguent entre les libres et les esclaves pour évaluer la nature du préjudice et déterminer sa sanction et/ou son dédommagement. Mais une troisième catégorie est parfois ajoutée, désignée par le babylonien muškēnum et l’assyrien aššurāiau, termes qui ont été compris en référence à une classe intermédiaire de semi-libres. Leur condition juridique et leur position sociale ont fait l’objet de conjectures reposant sur les données fournies par les sources législatives elles-mêmes, sur la comparaison avec des modèles antiques et enfin sur la valeur dépréciative attachée à l’un de ces deux mots, muškēnum, qui a donné l’adjectif français « mesquin ». Les doutes émis par certains spécialistes à propos de ces interprétations, ont été confirmés par de nouveaux textes, qui ont permis de corriger la traduction de ces substantifs et ont conduit à abandonner l’hypothèse de sociétés tripartites en Mésopotamie […] Dans cette perspective, l’awīlum ne serait plus seulement l’aristocrate proche du palais, mais le Babylonien, le ressortissant de la capitale ou de la Babylonie (cœur historique du régime), qui transporte partout avec lui le droit qui lui est applicable, y compris contre les usages locaux. Au contraire, le muškēnum serait l’homme libre, ressortissant de n’importe quelle autre ville, qui relève prioritairement de son droit local mais qui, quand il invoque l’application du Code, est traité comme un non Babylonien.
Auteur : Sophie Démare-Lafont
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