Vous avez beau chercher, écarquiller les yeux, scruter une à une les touches de l’ascenseur : rien ! Aussi étrange que cela puisse paraître, il manque bel et bien un quatrième étage à cette tour de bureaux du cœur de Pudong, le quartier des affaires de Shanghai. Pas besoin de se couper les cheveux en quatre ni d’y aller par quatre chemins, ce chiffre que personne ne veut voir serait porteur de mauvais présages… Résultat, il est aussi rare de tomber dessus que de trouver un trèfle à quatre feuilles poussant au beau milieu de Nanjing Lu, les Champs-Élysées des Shanghaïens. Et ce bannissement numérologique vaut pour tout l’Empire du Milieu. De Pékin à Shenzhen, en passant par Hongkong, la simple lecture des premières lignes de cet article risquerait de provoquer une violente crise d’apoplexie. La raison ? Dans cet Extrême-Orient ô combien superstitieux, on ne badine pas avec la tétraphobie (du grec tetra – « quatre » – et phóbos – « peur »).Pour comprendre l’origine de cette frousse irrationnelle, il faut ouvrir le dictionnaire. À l’écrit comme à l’oral, le mot « quatre » (sì) porte la poisse à cause de sa paronymie avec le terme utilisé pour désigner la mort. Dès lors, celui qui le prononce prend, en quelque sorte, le risque de finir entre quatre planches ! (…) Au point que ce loto de la bonne fortune donne lieu à quelques cocasseries commerciales. Au moment d’ouvrir sa ligne téléphonique, on peut ainsi faire des économies en ayant le cran d’oser des coordonnées avec des 4, moins chères, au risque d’être jugé comme un pestiféré par ses contacts. Certaines marques de smartphones se gardent, elles, de mettre sur le marché une «version 4», assurée du flop, et lui trouvent un autre nom. Et nombre de conducteurs s’engagent dans d’épiques et coûteuses batailles administratives pour éviter que la plaque de leur véhicule ne porte une numérotation synonyme de risques de collision et de pannes à répétition…
Par : Sébastien Desurmont
Source : geo.fr
La tétraphobie est une forme de superstition ou de peur irrationnelle associée au nombre quatre. Cette phobie est souvent observée dans certaines cultures asiatiques, où le chiffre quatre est considéré comme malchanceux car il est phonétiquement similaire à des mots signifiant la mort. La tétraphobie peut se manifester par des évitements intentionnels du chiffre quatre ou des objets associés au nombre quatre, tels que les étages d’un immeuble ou les plaques d’immatriculation. Cette peur peut avoir des implications sociales et culturelles significatives dans les régions où elle est répandue, influençant par exemple le marketing ou le développement urbain pour éviter d’utiliser le chiffre quatre. En tant que phobie culturelle, elle reflète les liens profonds entre les croyances et les pratiques sociales.