Si tous les marchés du monde…

[La bouteille se vend – aussi – sur un marché. Ça tombe bien, car les marchés ont une capacité à questionner le monde, à rappeler que le commerce réfère à un acte d’humanité…]

État d’Oaxaca au Mexique. Centre historique de la ville, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1987, dans un environnement de maisons colorées. Pour quoi craquerons-nous ? Quelques sauterelles rouges grillées, agrémentées de citron et de piment rouge ? Ou bien une des nombreuses spécialités au chocolat ?…

Saut en Catalogne, non loin des Ramblas à Barcelone, immersion dans l’ambiance du marché de la Boqueria, inauguré officiellement en 1840, bien qu’il remonte au 13e siècle. Également dénommé marché Sant Josep, en souvenir de l’ancien Couvent de Saint-Joseph, fondé en 1586. Quant au nom de « Boqueria », proviendrait-il comme beaucoup le prétendent du « lieu où l’on vend de la viande de bouc (ou de chevreau) » ? À moins qu’on ne soit sensible à cette explication poétique qui le rattache à boquiabierto (esp. « bouche bée »), en mémoire d’une exaltation qui aurait été éprouvée à la découverte d’une porte maure séparant le marché et la ville intra-muros…

Déambulation à Chatuchak, à Bangkok. Des milliers d’étals à donner le tournis, et pour cause puisqu’il est réputé être le plus grand marché d’Asie du Sud-Est. Déambulation à Camden Market à Londres, au grand Bazar d’Istanbul (Kapalıçarşı), au marché Khan el-Khalili au Caire…

Partout nous y attendent tant des produits, des savoir-faire, que des personnes qui souvent se sont transmis le flambeau à travers les générations. Nous y accueillent des histoires qui racontent la vie non seulement des marchands, mais des sociétés, des cités… Tourbillon de situations bigarrées où se mêlent le commerce et le droit, les sens et les sentiments, l’espace et le temps…

Que nous disent les marchés de l’épopée du commerce ? Que nous disent-ils des valeurs humaines qu’elle contient ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition du « commerce » ?