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Pars vite et reviens tard

repère(s) :allersanté

Montaigne, élu maire de Bordeaux en 1581, alors qu’il voyageait agréablement en Italie, a dû rentrer à Bordeaux sur l’invitation pressante du Roi à la fin de l’année pour succéder à Monsieur de Biron, dit Le Boiteux. La peste atteint la ville à la fin de son second mandat – de deux ans -, en 1585. C’est alors qu’il quitte la ville avec sa famille, fuyant peste et famine qui vont de conserve. Il ne reviendra plus dans sa ville, et surtout pas pour installer son successeur, le maréchal de Matignon. Depuis Libourne, il le dit aux jurats de la ville de Bordeaux, le 31 juillet 1585, et s’interroge : « ma présence à la prochaine élection vaut que je me hasarde d’aller en la ville vu le mauvais état en quoi elle est, notamment pour des gens qui viennent d’un si bon air ». Manière de dire qu’il n’ira pas, pour une cérémonie qui n’est que protocolaire. Voilà qui lui sera reproché. Même par les auteurs qui l’admirent : Barrès parle de « son manque de vergogne quand, maire de Bordeaux, il s’enfuit devant la peste ». Pour Zweig, « il a perdu un peu de gloire, d’honneur, de dignité. »
Jugements anachroniques, car personne ne reproche rien à Montaigne en son temps. (…) Les opinions savantes sont en effet formelles : Auger Ferrier, prestigieux médecin toulousain, qui fait autorité sur le sujet, écrit en 1548 : « Le plus souverain remède que l’on sache pour se garantir de la Peste, c’est se retirer bien tôt du lieu infect et s’en aller loin et revenir tard. » (Remèdes préservatifs et curatifs de peste, pp. 19-20). La formule est tirée de Galien, médecin grec de l’Antiquité qui rencontre la peste antonine en 167 – laquelle est la variole -. Elle se résume en trois lettres CLT , ainsi déclinées : Cito, Longe, Tarde, et encore : Cito, longe fugeas et tarde redeas. Le geste barrière premier est la fuite !

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1500-1600Bordeauxépidémie