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Les trois sœurs, ou l’équilibre alimentaire…

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[L’équilibre alimentaire reflète dans ses formes individuelles et collectives, notre relation à une intelligence plurielle. Cet objectif vital, peut-il gagner en priorité ? Comment le rendre universel ? Quelles conséquences à ne pas le faire ?…]

Les Mayas doivent leur nom au maïs lui-même. Ne sont-ils pas en effet étymologiquement les « gens du maïs » ! Un récit mythique raconte ainsi comment après plusieurs essais infructueux à partir de boue, puis de bois, on en vint à trouver le matériau idéal pour constituer l’espèce humaine : précisément le maïs ! Quoi de plus naturel dès lors que sa divinité s’incarne sous des aspects variés donnant écho au cycle de vie du maïs et à la prospérité qu’il offre à la communauté. Dans les représentations principales, on trouve un dieu du maïs feuillu, dont la tête prend forme d’un épi. Ce qui amenait les familles de l’élite maya à déformer le crâne de leurs enfants afin de s’en rapprocher. Une seconde forme le représente sous un aspect tonsuré, celui-ci étant souvent surnommé « premier père ». Bien entendu, les Aztèques poursuivront la mise en valeur de cet élément central à leur alimentation, ainsi du dieu Centeotl représentant un jeune homme, avec des épis de maïs poussant de sa tête, muni d’un sceptre aux oreilles d’épi vert. De quoi rappeler au passage à une technique répandue dans les Amériques, dite des « trois sœurs » mariant opportunément les cultures de la courge, du maïs et du haricot grimpant. Technique qui parvient à fournir une couverture équilibrée des besoins alimentaires et que l’on retrouve dans certains mythes, que ce soit chez les Mayas dans le Popol Vuh, livre sacré, ou chez les Iroquois.

En vérité, chaque société humaine a cheminé au gré de ses possibilités et contraintes pour faire face ou tenter de faire face à sa survie alimentaire. Aujourd’hui comme hier se pose ce même défi, à cette différence près que nous sommes supposés être informés des déséquilibres qu’il rencontre. Déséquilibres en quantité, déséquilibres en qualité, où des épisodes de famine côtoient la malnutrition, ou des techniques agricoles inadaptées à la santé alors que la menace qui pèse sur les pollinisateurs ne cesse de crier son urgence… Face à tout cela, que penser de la place que tient l’alimentation dans nos trajectoires individuelles et collectives ? Que nous disent les cultures des réponses qu’elles y ont apportées de longue date ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de « l’alimentation » ?

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