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Le Nil, aux sources de la Vie…

repère(s) :environnement

[La bouteille à la mer est à maints égards témoin de notre relation à l’eau. Elle l’est en tant que contenant puis contenu. Suffirait-elle donc à nous en rappeler la primauté ? L’eau est source de vie et à ce titre l’une des clés de tout environnement et de sa continuité. Aucun progrès ne saurait se faire sans penser sa place et son rôle dans les équilibres/déséquilibres planétaires. Quels enjeux, quels défis, pour le monde présent et à venir ? Comment les relever ? Petit voyage sur le Nil…]

Nous sommes sur les bords du fleuve. Et nous empruntons un escalier qui conduit par paliers jusqu’en ses profondeurs… Tout au long de notre descente, nous observons des graduations, celles qui vont permettre de connaître l’ampleur de la crue qui se profile. Avec elle, c’est l’agriculture dans son ensemble, c’est la bonne santé des récoltes et, par voie de conséquence, la prévision des rentrées fiscales, qui s’annoncent. Ainsi vivaient les anciens Égyptiens qui en divers endroits stratégiques avaient installé des nilomètres, puits de mesure susceptibles d’observer ces phénomènes essentiels à la Vie. L’on pensait alors que trois divinités Khnoum, et ses parèdres, Satis et Anoukis, présidaient à la crue. Par ailleurs Hâpy était la personnification même du fleuve. Des rituels consistaient chaque année à déverser de somptueuses offrandes dans le Nil afin de favoriser l’abondance de l’inondation à venir, gage d’irrigation, tout en espérant qu’elle ne soit ni trop pauvre, ni trop faste. C’est ainsi que l’ancien calendrier égyptien tourne lui-même autour du fleuve et de ses variations, en s’organisant à partir de trois saisons : Akhet (la crue elle-même) courant de juin à octobre, Peret (les semailles) de novembre à février et Shemu (la récolte) allant de mars à juin. Alors que nous voici dans le nilomètre au cœur même de ce poumon de la vie, Hâpy s’y présente entouré de seize enfants mesurant chacun une coudée, de quoi bien spécifier que la hauteur idéale de la crue se situe bien à seize coudées.

Quel pays, quelle région, quelle cité au monde n’ont-ils pas eu tout au long de leur histoire, à se préoccuper de l’accès à l’eau et des moyens concrets de faire face à sa possible pénurie, comme quelquefois à ses déferlements. Pendant que nous déambulons sur les traces historiques de l’Égypte, combien de situations contemporaines, incluant précisément celle du Nil, sont-elles là pour en clamer avec force la préciosité ! Saurons-nous y faire face en tant qu’espèce solidaire ? Saurons-nous accompagner les règlements de plus en plus urgents que le partage de l’eau réclame et qui en disent long sur notre conception de la paix…

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de « l’eau » ?

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