Mouvement intellectuel, culturel et politique qui a émergé au XIXe siècle dans le monde arabe, notamment dans les pays du Levant, de l’Égypte et du Maghreb. Il se caractérise par un désir de renouveau et de réforme sociale, politique, éducative et culturelle, en réponse aux défis posés par la colonisation européenne, aux traditions conservatrices et à l’impact de la modernité occidentale. La Nahda prône une renaissance de la pensée arabe, mettant l’accent sur la revitalisation de la langue arabe, la promotion de l’éducation, la réforme du système juridique et politique, ainsi que l’adoption des sciences et des technologies modernes. Les intellectuels nahdistes, tels que Rifa’a al-Tahtawi (1801 – 1873), Jamal al-Din al-Afghani (1838/39 – 1897) et Muhammad Abduh (1849-1905), ont joué un rôle majeur dans la diffusion des idées du mouvement à travers leurs écrits, leurs discours et leurs actions politiques. La Nahda a influencé profondément le développement de la pensée arabe moderne et continue de façonner les débats socio-politiques dans le monde arabe contemporain.
Le terme arabe « nahda » désigne cette période de l’histoire où, au XIXe siècle, le monde arabe connaît une « renaissance » culturelle et religieuse ainsi qu’un premier éveil politique. Désignée aussi par Albert Hourani sous le nom de « liberal age », cette époque voit la reconfiguration de la pensée arabe sur des sujets aussi essentiels que la pratique de la religion, la place de l’islam en politique, la conception du pouvoir ou les questions socio-économiques. On prend souvent comme point de départ de la nahda l’expédition d’Égypte de Napoléon Bonaparte, en 1798 : le contexte de la nahda est bien, en effet, cette période où l’Empire ottoman se trouve très affaibli, jusqu’à voir contester son intégrité par les grandes puissances étrangères, et où l’influence européenne se fait de plus en plus forte en Orient. Deux tendances principales se dessinent dans le mouvement général qu’on appelle nahda : d’abord le réformisme islamique, avec de grands noms comme ceux de Jamâl al-Dîn al-Afghâni ou de Muhammad ‘Abduh ; et d’autre part l’éveil politique du monde arabe, pour lequel l’Égypte joue un rôle déterminant puisqu’elle est le premier pays arabe à conceptualiser l’État-nation comme un véritable devenir politique.
Par : Tatiana PignonSource : lesclesdumoyenorient.com | 2012
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