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migration – Ivy Daure

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Parmi les personnes que nous avons sollicitées, nombreuses d’entre elles ont des origines Européennes connues. Et nous constatons dans ces familles deux retours vers l’Europe, à savoir, la génération des 40/50 ans devenus eux-mêmes parents en Europe. Le retour des enfants s’est opéré. « La migration comporte deux temps, deux mouvements psychiques : d’une part, quitter, abandonner, perdre un espace familier, relationnel, affectif, et, d’autre part, concomitamment, se confronter à l’altérité radicale des porteurs d’une autre culture, aux codes, normes et valeurs nouveaux. Dès le départ, inexorablement, émerge la pensée du retour, proche ou lointain. Souvent espéré, il constitue une consolation ou une atténuation de la séparation. Il arrive que le renoncement, très tôt décrété, à tout retour soit une autre façon de résoudre la question. Cette aspiration au retour, parfois simple vœu, après des années, voire des décennies, semble soutenir les migrants face aux adversités » (Reveyrand-Coulon, 2011). Il n’est pas rare que dans certaines familles la migration soit un fait de générations, la migration des uns ouvre les possibilités aux migrations des autres de la même génération ou des générations à venir. « Du point de vue clinique, nous avons pu observer que dans les familles où l’histoire de la migration peut circuler comme une histoire familiale qui inscrit chacun dans une appartenance, les enfants se sentent moins enclins à faire un voyage de retour réparateur par rapport aux manques et aux blessures des parents, mais vivent le voyage au pays d’origine des parents comme une manière d’entretenir leur propre identité pluriculturelle. » (Daure et Reveyrand-Coulon , 2014) Le retour des enfants, ici petits-enfants ou arrière-petits-enfants, ne s’inscrit pas forcément comme un projet de retour au pays des aïeuls mais plutôt comme un projet personnel, soutenu consciemment ou inconsciemment pas la famille, comme une migration valorisante, un retour au continent des origines familiales. Peut-être alors que ce voyage a moins une valeur réparatrice qu’une valeur de reconnaissance de l’identité multiculturelle.

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