La musique polyphonique traditionnelle albanaise se répartit en deux grands groupes stylistiques : celui des Ghegs du Nord de l’Albanie, d’une part, et celui des Tosks et des Labs qui vivent dans le sud du pays, d’autre part. Le terme iso s’apparente à l’ison de la musique liturgique byzantine et désigne le bourdon qui accompagne le chant polyphonique. Il est exécuté de deux manières. Chez les Tosks, il est toujours continu et chanté sur la voyelle ‘e’, les chanteurs reprenant leur souffle à tour de rôle. Chez les Labs, il est parfois rythmique et suit le texte du chant. Principalement interprétée par des hommes, cette musique accompagne traditionnellement de nombreux événements sociaux : mariages, funérailles, fêtes de la moisson, célébrations religieuses et festivals tels que le célèbre festival albanais de musique populaire de Gjirokastra.
L’isopolyphonie albanaise se caractérise par des chants comprenant deux parties solos (chant et contre-chant) et un bourdon tenu par le chœur. La structure des solos diffère selon la façon d’exécuter le bourdon, dont les deux variantes présentent également une grande variété de structures, notamment dans le style populaire adopté par tous les groupes interprétant cette musique.
Depuis quelques décennies, la progression modeste du tourisme culturel et l’intérêt croissant de la communauté scientifique pour cette tradition populaire unique ont contribué à la renaissance de l’isopolyphonie albanaise. Mais la tradition subit les effets de la pauvreté, de l’absence de protection juridique et du manque de soutien financier aux praticiens, compromettant ainsi la transmission du vaste répertoire de chants et de techniques. L’exode rural des jeunes vers les grandes villes et à l’étranger pour trouver du travail constitue une autre menace. Dans ce contexte, la transmission de cette tradition est aujourd’hui davantage assurée par des artistes populaires traditionnels que par la structure familiale.
Source : ich.unesco.org