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L’impossible mariage

repère(s) :famille

Imaginez ! une soirée en 1947, de celles où certains cœurs esseulés trouvent l’âme sœur.
Tel fut le cas de Ruth et Seretse.
Ruth de son nom de jeune fille Williams vit le jour au Sud de Londres, en 1923.
Conductrice d’ambulances pendant la Seconde Guerre mondiale, elle intégra ensuite un poste de commis dans un cabinet d’assurances.
Seretse, Seretse Khama, naquit quant à lui en 1921 à Serowe dans ce qui était alors le protectorat britannique du Bechuanaland.
Poursuivant des études d’avocat, il finit par se retrouver à Londres à l’Inner Temple.
Ce fut donc durant une soirée dansante organisée en 1947 à Nutford House par la London Missionary Society qu’à l’initiative de la sœur de Ruth, les deux tourtereaux cédèrent aux feux de l’amour.
Ajoutons qu’ils étaient tous deux amateurs de jazz, tout particulièrement des Ink Spots : une raison de plus pour sceller leur prochaine union !
L’histoire de cette rencontre aurait pu en rester là car ils se marièrent bel et bien et eurent… quatre enfants !
À ceci près, que Seretse dont le nom en langue tswana signifie « l’argile qui lie », était le fils de Sekgoma Khama II, le chef du peuple des Bamangwatos, et le petit-fils du roi tribal Khama III.
C’est dire que l’annonce de leur union, nous étions en 1947 rappelons-nous, fit aussitôt quelques vagues.
Non mais vous n’y pensez pas : un couple interracial !
Du côté du Bechuanaland, les aînés firent savoir à Seretse qu’il devait urgemment revenir à la raison.
Quant à l’Afrique australe, le système d’apartheid allait être mis en place en… 1948 !
Soulignons également que des discussions décisives étaient alors en cours visant à procurer au Royaume-Uni les réserves d’uranium indispensables à la fabrication de sa bombe atomique.
Réserves provenant… d’Afrique du sud.
Oui, tout le monde s’en mêla, même le gouvernement britannique et l’Eglise anglicane ! encourage ant nos jeunes inconscients à plus de… « modération » ? « discernement » ?
Apparemment tout cela n’a pas trop fonctionné, puisqu’ils se marièrent finalement à Kensington au mois de septembre de cette même année 1948.
Débuta alors pour eux un long combat pour la reconnaissance de leur couple, de leur courage, de leur amour.
Alors de lutte en exil, de naissances en dépassement des obstacles, Ruth & Seretse finirent par convaincre de leur bon droit.
Lors de l’indépendance acquise par le Botswana en 1966, Seretse qui avait entre-temps renoncé à son titre de roi, devint le premier président du pays libre.
Quant à Ruth, toujours aussi déterminée et investie, elle devint la Première dame de 1966 à 1980, date où décéda Seretse, gagnant l’appellation de Mohumagadi Mma Kgosi (la « mère du chef », ou la « reine-mère »)…
Morale de l’histoire : L’amour est plus fort que tout !
Un de leurs enfants, Seretse Khama Ian Khama, sera à son tour président de la République du Botswana de 2008 à 2018.
Drôle de monde !

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1925-1950Botswanamariage