Fonctions rituelles et hygiéniques se confondent dans les latrines publiques, dont le nombre des fidèles fréquentant les mosquées rend la construction indispensable. Certaines d’entre elles, fondations étatiques ou pieuses par le biais des ḥabus/waqf, font partie des monuments majeurs de l’architecture islamique. De rares études de cas leur ont été consacrées. Pour al-Andalus et le Maghreb, on citera la miḍa’a de la grande mosquée de Cordoue (Xe siècle), la qubba aujourd’hui seul vestige de la grande mosquée almoravide de Marrakech qui recouvrait un bassin d’ablution et était entourée des logettes des latrines elles-mêmes (XIIe siècle), la miḍa’a de la grande mosquée almohade de Séville (fin XIIe siècle) découverte il y a quelques années, ou celle, magnifiquement conservée, de la mosquée Zaytuna à Tunis, commande du sultan hafside Abū ‘Amr ‘Uthmān (fin XVe siècle). Le caractère somptueux des cas qui viennent d’être énumérés peut surprendre si l’on considère la nature des monuments qui en ont bénéficié. Ce serait ignorer l’importance donnée en terre d’islam à la purification du corps.
Par : Marie-Odile Rousset | Patrice Cressier | Sophie Gilotte