La poésie orale impromptue, appelée Tsiattista, est une tradition très vivante souvent pratiquée avec un accompagnement de violon ou de luth à l’occasion de « joutes » au cours desquelles un poète-chanteur tente d’en surpasser un autre par des vers adroits, composés de distiques rimés. C’est depuis longtemps un élément populaire des fêtes de mariages, foires et autres célébrations publiques, où des foules enthousiastes encouragent les poètes à se produire. La forme métrique la plus courante est le vers iambique à quinze syllabes dans un distique rimé, mais les poètes peuvent utiliser des vers à huit ou six syllabes, voire neuf. Les tsiattistaes (poètes-chanteurs) les plus populaires font preuve d’esprit, témoignent d’une grande familiarité avec les traditions poétiques et musicales, d’un riche vocabulaire et d’une imagination fertile. Ce sont souvent des hommes de moyens modeste qui ont peu d’éducation et qui transmettent leurs œuvres par enseignement oral ; de nos jours, les poètes sont surtout des hommes âgés, mais des femmes de talent ont récemment commencé à se produire. Les poètes doivent bien connaître le dialecte chypriote, avoir une bonne connaissance de la poésie populaire de Chypre et la capacité d’aller puiser dans les Tsiattista existants et connus de la majorité ; mais surtout, ils doivent être capables d’improviser un nouveau distique sur un thème particulier dans des contraintes de temps très strictes et de répliquer à leur adversaire.
Source : ich.unesco.org