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Les délices de Capoue

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Capoue, en Italie Capua, nous ramène à l’histoire d’Hannibal, ce général de Carthage venu par l’Espagne avec ses éléphants au IIIe siècle avant notre ère pour s’emparer de Rome. Une immense bataille fut livrée dans la plaine de Cannes [Cannoe, un bourg d’Apulie]. Le combat fut épique – et stratégique ; le fameux capitaine africain battit à place couture une armée de 80 000 légionnaires dont la plupart restèrent étendus dans la plaine? Cela se passa en l’an 216 avant Jésus et frappa durablement les imaginations antiques, faisant d’Hannibal le plus redoutable guerrier de tous les temps. C’est au milieu de ce triomphe que le Carthaginois commit une erreur : au lieu d’aller sur-le-champ prendre Rome apeurée, affaiblie par ce désastre, il songea à donner du repos à ses troupes qui, en effet, venaient de loin. Et quel repos ! Il s’empara de la ville de Capoue afin d’y passer son hiver – car le climat, dans ce premier millénaire à rebours, était encore rude dans la Péninsule. Capoue, au nord de Naples, était alors la ville la plus riche et la plus luxueuse d’Italie, le séjour par excellence de toutes les délices. Les reîtres gaulois, africains, espagnols et numides qui composaient la troupe d’Hannibal se vautrèrent soudain dans le stupre : « Les soldats carthaginois qui avaient résisté à toutes les souffrances, dit Tite-Live, succombèrent sous l’effet des plaisirs et des jouissances. » Le vin, les bains, les courtisanes eurent bien vite raison de leur humeur farouche : « Ils ramollirent leur âme et leur corps. » Capoue, c’était la dolce vita avant l’heure, la folie du farniente ! Il en ressortit, au printemps de 215, une armée alanguie, veule, ayant perdu toute combativité sur les couches molles des festins.

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