Les pygmées Aka établis dans le sud-ouest de la République centrafricaine ont élaboré une tradition musicale vocale particulière : une forme complexe de polyphonie contrapuntique à quatre voix, maîtrisée par l’ensemble des membres de la communauté.
La musique et la danse font partie intégrante des rituels des Aka, notamment les cérémonies accompagnant l’inauguration des nouveaux campements, la chasse ou les funérailles. Contrairement aux polyphonies savantes fondées sur la notation écrite, la tradition vocale des pygmées Aka permet l’expression spontanée et l’improvisation. Chaque chanteur peut, au cours d’un morceau, modifier sa voix pour produire une multitude de variations, donnant ainsi l’impression que la musique évolue constamment. Les chants sont généralement accompagnés par divers instruments à percussion et à cordes spécifiques à chaque circonstance. Les plus utilisés sont l’enzeko, un tambour local, le geedale-bagongo, une sorte de harpe, et le mbela, un arc à une corde. Les chants véhiculent les connaissances considérées comme essentielles à la cohésion du groupe et à la préservation des valeurs de la communauté. Les danses sont rythmées par des battements de mains. Selon le rituel, certaines danses sont exécutées par des hommes, d’autres par des couples mixtes, ou en solo. Reposant exclusivement sur la transmission orale, les pygmées Aka ont su préserver leur savoir dans l’ensemble de la communauté en associant les enfants à tous les rituels dès leur plus jeune âge.
Le mode de vie des pygmées Aka a été fortement perturbé par les récents changements en République centrafricaine. La raréfaction du gibier due à la déforestation, l’exode rural et la folklorisation de leur patrimoine à des fins touristiques comptent parmi les principaux facteurs entraînant la disparition progressive de nombre de leurs coutumes, rituels et savoir-faire traditionnels.
Source : ich.unesco.org
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