Le Vimbuza est une danse de guérison très populaire chez les Tumbuka, un groupe ethnique vivant dans le nord du Malawi. Il s’agit d’une manifestation importante du Ng’oma, une tradition de guérison répandue dans toute l’Afrique bantoue. Le Ng’oma, qui signifie « tambours de l’affliction », revêt une importance historique considérable et, malgré plusieurs tentatives de suppression, reste un élément fondamental des systèmes de soins indigènes.
La plupart des patients sont des femmes souffrant de diverses formes de maladie mentale. Ils sont traités pendant plusieurs semaines, voire des mois, par des guérisseurs renommés qui les hébergent dans leur temphiri, une maison de village réservée aux malades. Une fois le diagnostic établi, les patients sont soumis à un rituel de guérison. À cette fin, les femmes et les enfants du village forment un cercle autour du malade qui entre lentement en transe, et entonnent des chants pour invoquer les esprits secourables. Les seuls hommes participant au rituel sont les musiciens qui jouent des rythmes de tambours spécifiques à chaque esprit et, dans certains cas, le guérisseur. L’association des chants et des battements de tambours crée une atmosphère impressionnante en même temps qu’un espace particulier où les patients peuvent « danser leur maladie ». Le répertoire de chants et de rythmes continuellement enrichi et la virtuosité de la danse, participent du riche patrimoine des Tumbuka.
Le rituel de guérison Vimbuza s’est développé au milieu du dix-neuvième siècle comme un moyen de surmonter l’expérience traumatisante de l’oppression. Il a ensuite évolué en une danse de guérison sous l’occupation britannique, bien que frappé d’interdiction par les missionnaires chrétiens. La possession par les esprits du Vimbuza permettait aux gens d’exprimer leurs problèmes psychologiques (ou tourments) de façon acceptée et comprise par le reste de la communauté. Pour les Tumbuka, le Vimbuza a une valeur artistique et une fonction thérapeutique qui complètent les autres formes de traitement médical. Il est toujours pratiqué dans les zones rurales où vivent les Tumbuku et continue à subir les interdits des églises chrétiennes et de la médecine moderne.
Source : ich.unesco.org