Le Pèlerinage (ou Voyage) de Charlemagne est un poème épique qui relate l’expédition de l’empereur et de ses douze pairs jusqu’en Terre sainte. Un récit qui s’ancra durablement dans la tradition puisque deux chroniqueurs des croisades, Petrus Tudeboldus et Robert de Reims, racontent au XIIe siècle que les croisés de 1097 suivirent le chemin de Charlemagne pour aller en Orient. En réalité, Charlemagne n’est jamais allé ni à Jérusalem, ni à Constantinople. En revanche, Charlemagne se rendit quatre fois à Rome. Notamment en l’an 800 où il fut couronné empereur par le pape Léon III durant la nuit de Noël. L’origine de la légende se trouve dans les contacts diplomatiques entre l’Empire carolingien, l’Empire arabe de Bagdad et l’Empire byzantin : l’empereur avait reçu en 801 un éléphant que lui avait envoyé Harun al-Rachid, le calife abbasside des Mille et une nuits, tandis qu’en 799, Charlemagne avait envoyé une ambassade à Jérusalem, laquelle était rentrée avec de riches donations du patriarche et avec les clefs du Saint-Sépulcre et de Golgotha (…) Le poème, premier texte français écrit en alexandrins, a probablement été composé dans la seconde moitié du XIIe siècle. Relativement court, il ne compte que 870 vers au lieu des 4 000 habituels pour une chanson de geste. Il comporte des traits franchement comiques. On a pensé pouvoir l’interpréter comme une parodie de la vie conjugale de Louis VII et d’Aliénor. La reine de Charlemagne se moque de son mari, comme Aliénor avait ridiculisé Louis VII. Charlemagne part à Jérusalem et à Constantinople, comme Louis VII. Son voyage, qui n’est pas vraiment un pèlerinage, tourne au ridicule de même que la croisade de Louis VII n’avait pas le caractère d’une vraie croisade. Charles, néanmoins, est très fier de lui en rentrant, et pardonne à la reine le tort qu’elle lui a fait. Le narrateur n’a aucun respect envers les vénérables héros et les choses saintes. Charlemagne et les douze pairs sont franchement comiques. Tout est apparemment raconté pour amuser et faire rire. Le poème parodie à la fois les chansons de geste du cycle de Charlemagne et la littérature courtoise.
Source : villemagne.net