Le « misocon » n’est pas une technologie dernier cri, un animal (quoique) ou un virus récemment découvert. C’est un néologisme en chair et en os, qui mérite quelques éclairages. Il paraît que l’on est toujours le con de quelqu’un, ce qui est rassurant. Le champ des cons est donc très vaste, presque aussi vaste que l’humanité. « Presque » parce que le propre du con est justement… de ne pas se sentir con et d’affirmer que les autres le sont. Il fait alors preuve d’une véritable audace. Aussi, et puisqu’il reste un spécimen passionnant, une foule d’imaginatifs se sont penchés sur son cas, et l’ont décortiqué dans tous les sens. Il est par conséquent inutile ici d’en brosser le portrait, même succinct. Il suffit de piocher dans ces mines de descriptions et d’analyses subtiles. En revanche, il serait intéressant de nous pencher sur celui ou celle qui n’aime pas les cons en général, certains en particulier. Qui va même jusqu’à les détester, les haïr. Souvent con-tent de lui, con lui-même, sans le savoir, il est très généreux puisqu’il n’hésite pas à déverser ce ressentiment, cette haine, sur d’autres catégories de population. En toute logique, il attire à son tour la haine. Certes, certes. Mais comment qualifier tous ces « haineux » ? Dans notre monde français, il est courant d’utiliser le préfixe « anti », ou le suffixe « phobie ». Ah, nous voilà bien. Anti revient à être « contre », sans forcément haïr. Et la phobie est une peur. Pourtant, notre langue possède un préfixe tout à fait adapté, qui permettrait de résoudre, voire de prévenir, bien des malentendus, des conflits. Il s’agit de « mis », qui vient du grec misein, « haïr ». Nous le retrouvons dans « misogyne et misandre », « misanthrope », etc. Tout à coup apparaît le visage et le corps de ce lumineux « misocon ». Ainsi que tout un peuple. Les « Miso-« , déclinés en tout un tas de clans. Ce serait tellement plus simple, clair, facile. Il n’y aurait peut-être plus de cons, qui sait ?
Par : Pierre Chavot