Fake news, théories du complot sont le creuset de ces nouvelles croivances qui croissent parmi nos contemporains. « Ce que j’appelle une croivance, c’est quand on croit qu’on croit quelque chose », tentait de clarifier, fin décembre sur France Culture, le neuroscientifique Sebastian Dieguez. « Même si on n’y croit pas vraiment, on peut réussir à se figurer qu’on y croit », énonçait encore ce chercheur en neurosciences de l’université de Fribourg, en nous invitant à reprendre une aspirine.
Croivez-le ou non, la croivance serait donc l’expression d’une époque profondément embrouillée et désorientée, où l’on se sent en proie à des idées tronquées mais en éprouvant un fort besoin de faire semblant d’y croire. D’où nos migraines soutenues. Croiver dur comme fer, c’est feindre et simuler, faire « comme si ». Faire comme s’il suffisait par exemple de croire que l’on peut éloigner le malheur en évitant simplement d’ouvrir un parapluie dans son salon.
Les nouveaux croivants sont les sentinelles en alerte d’un monde à la dérive, écoutons-les, même s’ils semblent ânonner. La prochaine fois que votre enfant ou votre petit-enfant de 5 ans, campé sur ses frêles certitudes, vous affirmera avec aplomb « Je n’en croive pas mes z’oreilles ! », ne le corrigez pas.
Par : Pascal Paillardet
Source : lavie.fr / 01-2023
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