Et si on plongeait cette fois-ci dans le rastafarisme !
Un mouvement culturel, spirituel, politique aussi, qui voit le jour à la Jamaïque dans les années 1930.
Des personnes y sont clairement associées comme Marcus Garvey (1887-1940), « The Black Moses » considéré comme le fondateur, le prophète de ce mouvement.
Ou encore, l’un de ses grands amis, Leonard P. Howell (1898-1981) qui initie en 1940 The Pinnacle, la première des communautés rastafari.
Le mot « rastafarisme » nous transporte tout de suite !
Il nous renvoie au Ras, un terme qui signifie « tête » ራስ en amharique, et Tafari ተፈሪ « celui qui est redouté » lequel désigne Tafari Makonnen ተፈሪ መኮንን (1892-1975), le dernier roi des rois d’Ethiopie (negusse negest) qui régna sous le nom d’Haïlé Sélassié Ier.
Donc si on comprend bien, le rastafarisme puise ses sources en Ethiopie.
Ce courant de la communauté jamaïcaine, revendique en effet qu’Hailé Sélassié couronné en 1930 est le messie annoncé !
Selon le livre sacré d’Ethiopie, le Kebra Nagast ክብረ ነገሥት, la « Gloire des rois », rédigé en ge’ez au 14e siècle, ce souverain remonterait à l’union du roi Salomon et de la Reine de Saba, il y a 3000 ans !
D’ailleurs la visite d’Haïlé Sélassié Ier en 1966 à la Jamaïque, est tout simplement le moment le plus solennel que tout rasta ait pu espérer…
De quoi mettre en orbite bien des partisans du mouvement, parmi lesquels le génial Bob Marley.
Ceci étant, pourquoi les Rastas préconisent-ils les dreadlocks ?
Il y a plusieurs hypothèses à ce sujet.
L’une des plus citées renvoie à la Bible et à la chevelure d’un personnage qui en est en tout point indissociable.
Ce n’est autre que le nazir נֶזֶר et juge d’Israël du nom de Samson, doté d’une force impressionnante.
Samson est un des grands ennemis des Philistins qu’il bat régulièrement lors d’affrontements où il use de sa force.
Or un jour il tombe sous le charme de la belle et cruelle Dalila.
Celle-ci n’a qu’une idée en tête : trouver la source de son énergie afin de le trahir.
Après avoir résisté à lui confier son secret, Samson finit par lui avouer [ah l’amour !] qu’il tient son pouvoir de ses cheveux.
Une fois endormi, Dalila lui coupera donc ses sept tresses !
Il est alors fait prisonnier après lui avoir crevé les yeux…
Il usera une dernière fois de ses forces dans un ultime sacrifice…
De quoi inspirer notre communauté rasta pour l’éternité !
Morale de l’histoire : Nous voilà avertis ! Ne négligeons pas la force des dreadlocks !
Pour honorer le retour aux origines africaines, Hailé Sélassié avait accordé aux membres du rastafarisme, la possibilité de venir s’installer sur des terres éthiopiennes à Shashamané ሻሸመኔ (Shashämäné) …
De quoi nous rappeler à cet hymne que l’on doit aux Melodians : l’universel « Rivers of Babylone »…
[« Près des fleuves de Babylone,
Nous nous sommes assis
Et nous avons pleuré,
Quand nous nous sommes souvenus de Sion
Car les méchants qui nous ont emportés en captivité
Nous ont demandé une chanson
Mais comment pouvons-nous chanter
Une chanson rastafari dans un pays étranger ? »]
Drôle de monde !
Source : Diffusé avec SUP’DE COM dans le cadre de la série de vidéos « Les Improbables Rencontres » / 2023
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