Nous sommes en Bolivie, le 24 janvier, plus particulièrement dans la ville de La Paz.
Or ce jour-là, et dans les semaines qui suivent, nous sommes conviés à acheter des miniatures dites « de la Bonne Fortune ». Pourquoi donc ?
Pour y répondre, je vous propose de nous rendre bien avant l’arrivée des Conquistadores, et même celle des Incas.
En cette époque lointaine vivait sur l’Altiplano un homme de grande bonté : Iqiqu.
Petit et humble, Iqiqu n’en dispensait pas moins une intarissable abondance de bienfaits à quiconque venait à le croiser.
Il facilitait ainsi la rencontre des amoureux, donnait les conseils les plus avisés, et sa présence suffisait à rendre chacun heureux.
C’est pourquoi la grâce divine lui accorda des pouvoirs plus grands encore, comme celui de contrôler les rivières, les roches et les montagnes. Nul doute qu’il en disposerait avec modération et justice.
Hélas, le mauvais Awqa fit irruption dans la région, accompagné de son armée et de son lot de désolation. Ces figures sont malheureusement trop nombreuses pour que l’on s’en étonne.
Le vil Awqa ne tarda pas à s’apercevoir qu’un vent de bonté soufflait en ces lieux et mit toute sa rage à le détruire.
Il s’acharna plus encore sur ceux qui estimaient Iqiqu et celui-ci fut bientôt obligé de se cacher.
Jusqu’au jour où il fut surpris auprès de paysans qui tentaient de constituer un système d’entraide.
Au lieu de s’enfuir, Iqiqu décida de se rendre. Alors Awqa put libérer sa rancœur et sa haine et fit son possible pour effacer toute trace de ce protecteur.
Après l’avoir écartelé et démembré, il fit enterrer les parties de son corps dans les endroits les plus reculés afin que jamais ils ne puissent à nouveau se réunir. Mais certains assurent que ce moment un jour viendra. Alors les peuples de l’Altiplano retrouveront leur liberté.
C’est pour lui rendre grâce, qu’un petit personnage nommé Ekeko symbolise depuis lors ce souvenir de l’abondance.
Et c’est ainsi que l’on peut à partir du 24 janvier trouver des objets divers nommés alasitas représentant en miniature tout ce que l’on peut souhaiter (véhicules, maisons, magasins…), leur possession étant un sérieux préalable à leur prochaine obtention.
Morale de l’histoire : Si nous nous trouvons de ce côté-ci du monde, réfléchissons bien avant de choisir notre miniature !
Inscrits au patrimoine intangible de l’UNESCO en 2017, « les parcours rituels dans la ville de La Paz pendant l’Alasita » donnent lieu à de nombreuses activités, comme des concours organisés pour encourager la fabrication artisanale. On y voit aussi certains participants échanger des miniatures afin de payer symboliquement leurs dettes.
Drôle de monde !
Source : Diffusé avec SUP’DE COM dans le cadre de la série de vidéos « Les Improbables Rencontres » / 2023