Le chant de Sana’a, également appelé al-Ghina al-San’ani, désigne un ensemble de chants appartenant à une riche tradition musicale pratiquée à travers tout le pays. Issu de diverses traditions poétiques datant du quatorzième siècle, il accompagne un certain nombre d’activités sociales, telles la veillée de noces (samra) et le magyal, rassemblement entre amis ou collègues qui a lieu chaque après-midi.
Les chants sont interprétés par un chanteur soliste accompagné de deux instruments anciens: le qanbus (luth yéménite) et le sahn nuhasi, un plateau en cuivre que le musicien tient en équilibre sur ses pouces et tape doucement de ses huit autres doigts. Il existe de très nombreux types mélodiques différents. La modulation de l’un à l’autre au cours d’un même concert est rare, mais le talent artistique du chanteur réside dans sa capacité à embellir une mélodie pour souligner le sens du texte et toucher l’auditoire. Le répertoire poétique, écrit en dialectes yéménites et en arabe classique, regorge de jeux de mots et est empreint d’une profonde émotion. Les textes des chants constituent le corpus poétique le plus vénéré et le plus souvent cité au Yémen. Bien qu’ils soient directement associés à la capitale historique du pays, Sana’a, ils sont également très répandus dans les villes et zones rurales du pays. Le répertoire poétique fait en effet souvent appel aux dialectes des différentes régions. Et les mélodies traditionnelles sont régulièrement empruntées par les interprètes d’autres genres, notamment les danses rurales et la musique contemporaine.
Si les Yéménites restent très fiers de la tradition du chant de Sana’a, la fréquentation des concerts a fortement diminué. Par ailleurs, les musiciens actuels, pourtant de plus en plus nombreux, ne connaissent que quelques vieux chants qu’ils insèrent dans leurs récitals, avant de passer à un répertoire moderne plus léger. Seuls quelques musiciens âgés ont préservé l’intégralité de la tradition et les subtilités de l’interprétation.
Source : ich.unesco.org