[Résumé d’article] L’utilisation d’essaims d’insectes pour des missions complexes est une idée qui remonte à la guerre froide, où les insectes étaient envisagés comme vecteurs d’espionnage ou d’agents biologiques. Désormais, en s’appuyant sur les avancées technologiques, le concept d’insectes cyborgs émerge, combinant biologie et robotique. Ces insectes sont équipés de « sacs à dos » technologiques comprenant des caméras, des capteurs et des antennes permettant de contrôler leurs mouvements via une interaction avec leur système nerveux. Cette technologie est – sur le papier – principalement destinée à des missions de recherche et de sauvetage dans des zones inaccessibles, comme les décombres après un tremblement de terre, où chaque minute compte pour localiser les survivants. Le professeur Hirotaka Sato, de l’Université Technologique de Nanyang, est une figure clé dans ce domaine. Dès 2008, il a démontré la possibilité de contrôler un insecte cyborg. Son étude, publiée dans Nature Communications, présente des progrès notables dans le contrôle des essaims d’insectes grâce à un algorithme innovant. Plutôt que de donner des instructions complexes à chaque insecte, la nouvelle approche repose sur un modèle de « chef de file ». Un insecte leader guide l’essaim, permettant une navigation collective et adaptative. Ce modèle est réputé surmonter les obstacles, éviter les blocages et améliorer l’efficacité de l’essaim dans des environnements difficiles. Présents sur des zones de décombres, ces insectes cyborgs pourraient révolutionner les missions de sauvetage, offrant une alternative innovante et résiliente face aux défis des terrains complexes. On ne pourra néanmoins s’empêcher d’imaginer que bien des yeux se tournent vers d’autres applications, hélas moins altruistes.