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Histoire de l’arobase

repère(s) :signification

C’est fou ce qu’un tout petit signe peut changer les choses. Prenons par ex. l’arobase : @.
Retrouvons alors l’ancêtre d’Internet, l’Arpanet, premier réseau à transfert de paquets de données développé par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) aux États-Unis. Résultant d’une initiative lancée au début des années 1960, les deux premiers nœuds qui le constituent sont l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et l’Institut de recherche de Stanford. Les rejoindront les Universités de Californie à Santa Barbara et de l’Utah. Le 1er message jamais envoyé est le mot : « login ». Il le sera le 29 octobre 1969 à 22 h 30 et l’on dit que ses 3 dernières lettres mirent… 1 h pour arriver.
Puis en 1971, Ray Tomlinson (1941-2016), considéré comme l’inventeur du courrier électronique, s’envoie le 1er message d’ordinateur à ordinateur. Or, ayant besoin d’un séparateur pour indiquer l’adresse, il choisit précisément ce logogramme, l’arobase, en raison de son usage limité afin d’en faire un symbole unique et universel. L’anecdote voudrait qu’il ait soufflé à l’oreille d’un proche, de « ne surtout en parler à personne », car il n’était pas censé travailler sur ce chantier !
Mais alors, d’où vient ce signe ?
Nombre assurent que l’arobase serait l’aboutissement d’une ligature, la fusion de deux caractères consécutifs, opéré par les moines copistes. On y retrouverait le « ad » latin signifiant « à » ou « vers », le d finissant par s’enrouler d’affection autour du a, dit-on au détour du VIe siècle.
Le terme « arobase » lui-même viendrait de « a rond bas (entendons de casse) ».
Certains le rapprochent d’une unité de mesure espagnole dite « arroba », un peu plus de 11 kilos, correspondant au français « arrobe ». Où les plus attentifs, mentionneront l’influence de l’arabe ar-roub signifiant « le quart »…
Le revoici au carrefour du XIIe siècle, dans les comptes des marchands florentins, pour symboliser une unité de poids ou de mesure, l’amphore.
Jusqu’à trouver ses heures de gloire aux Etats-Unis au XIXe afin de noter le prix unitaire des marchandises. Soit « two books at three dollars ». Et donc présent sur les claviers des machines à écrire !
Ray Tomlinson s’en empara opportunément avec l’avènement de ce qui allait devenir la révolution de l’Internet !
Morale de l’histoire : Ne négligeons pas les tout petits signes, ils sont souvent plus conséquents qu’on ne le croit, surtout s’ils paraissent endormis…
La forme toute spéciale de l’arobase lui a valu bien des surnoms : « queue de singe » en néerlandais ou en allemand, « escargot » en espéranto ou en italien, « petit chien » en russe, ou encore « strudel » en hébreu !
Drôle de monde ! 

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1950-1975Etats-Unis d’Amériquesymbole