Le meddahlik était une forme d’art dramatique turc interprétée par un acteur unique, le meddah, et pratiquée dans toute la Turquie et les pays turcophones. Au fil du temps, des genres narratifs similaires se sont multipliés dans ce vaste espace géographique, par interaction entre les peuples d’Asie, du Caucase et du Moyen-Orient.
Historiquement, la vocation des meddahs était non seulement de distraire, mais aussi d’éclairer et d’éduquer le public. Ces conteurs, que l’on pouvait entendre dans les caravansérails, les marchés, les cafés, les mosquées et les églises, propageaient des valeurs et des idées au sein d’une population souvent illettrée. Leurs critiques sociales et politiques déclenchaient régulièrement de vives discussions sur les sujets d’actualité. Le terme meddah, de l’arabe maddah « faire l’éloge de quelqu’un », peut se traduire par « conteur ». Le meddah choisit des chants et des récits comiques parmi un répertoire de romances, de légendes et d’épopées populaires, et les adapte au lieu et au public. Mais c’est avant tout la relation qui s’établit avec les spectateurs qui fait la qualité de sa prestation, de même que son talent à combiner imitations, plaisanteries et improvisation, souvent sur des thèmes d’actualité. Cet art, qui attache une grande importance à la maîtrise de la rhétorique, est tenu en haute estime en Turquie.
Bien que certains meddahs se produisent encore lors de fêtes religieuses et laïques, ainsi qu’à la télévision, le genre a perdu beaucoup de sa fonction éducative et sociale originelle en raison de l’essor des médias, en particulier l’apparition de postes de télévision dans les cafés.
Source : ich.unesco.org