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Un lien qui se tisse à l’aune de nos partages

repère(s) :sentiment

Ceci est un trésor. C’est drôle comme l’une des choses les plus agréables dans la vie, c’est d’éprouver de la complicité à l’égard de quelqu’un. La complicité est une singulière modalité relationnelle. Elle peut lier des frères et sœurs, des collègues, des amoureux, des amis, des copains. Elle est ce sel qui permet de renouer, même des années après, avec d’anciens proches. Elle est cette entente profonde, nappée d’évidences, qui permet en un regard, en un geste, en une réplique, de se comprendre, de se sentir soutenu, de terminer nos phrases.
La complicité nous donne confiance en nous, elle nous sécurise, elle enrobe de douceur l’aridité du monde. Et surtout, elle se passe d’explications, de précautions, de manières, et souvent, même de paroles. Elle rend possible l’implicite. Et c’est ici, je crois, que se déploie un mécanisme fascinant. On appelle « implicite » ce qui n’est pas dit dans un énoncé en termes clairs. L’implicite est donc ce que l’interlocuteur doit comprendre par lui-même sans que ce soit réellement formulé. C’est le clin d’œil qui suffit. Pour saisir, l’implicite, il faut connaître le contexte, avoir compris le fonctionnement de la personne, avoir accès à autre chose que l’apparence. Je me demande souvent les conditions qui permettent de donner naissance à cette compréhension silencieuse, si fluide et confortable. Paradoxalement, je crois que ce qui rend possible nos silences complices, c’est justement l’explicite qui les a précédés. La plupart du temps, c’est parce qu’il y a eu une avalanche de mots et de questions, qu’ensuite on peut les taire. C’est parce qu’il y a eu des centaines de cafés, de verres, de textos, qu’ils peuvent devenir secondaires. C’est parce qu’on a échangé, expliqué, raconté, analysé, qu’on peut rester immobile côte à côte. La complicité et ses pactes tacites ne répondent ni à un miracle, ni à une commande, ils sont le fruit d’un lien qui se tisse à l’aune de nos partages, de nos observations, à l’aune du temps qui infuse. On ne peut pas attendre de l’autre, sans lui avoir murmuré, crié, chanté, ce qui nous fonde et nous importe. Je vous souhaite de dire pour mieux vous taire et de choyer vos complicités.

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