Catégories
Citation

Trafic de l’Eglise pour financer Saint-Pierre de Rome

repère(s) :croire

Comment le Vatican a-t-il payé les travaux de rénovation de la basilique de Rome ? En vendant aux fidèles leur place au paradis ! L’histoire de ce commerce pas très catholique débute en 1506, quand le pape Jules II décide de reconstruire la basilique constantinienne édifiée en 322, qui tombe en ruine. Un chantier colossal de 22 000 mètres carrés, auquel participent les plus célèbres artistes de la Renaissance. Problème : ça coûte une fortune. Heureusement, la papauté a la solution toute trouvée pour financer les travaux : depuis 1476, sur décision du pape Sixte IV, il est possible d’acheter des indulgences – la rémission totale ou partielle devant Dieu d’un pêché – pour réduire le temps de purgatoire. C’est une idée de génie, car les fidèles, terrorisés à l’idée de rôtir en enfer, se ruent sur ces bouts de papier qui les rapprochent du paradis. Entre 1498 et 1500, l’abbaye de Montserrat en édita ainsi plus de 200 000. Le Vatican va rapidement faire la même chose pour mener à bien la construction de la monumentale basilique. En 1507, Jules II promulgue une première indulgence en faveur de ceux qui verseront des aumônes pour l’achèvement de la basilique Saint-Pierre. Son successeur, Léon X, réitère le geste en 1511, puis le 31 mars 1515. Léon X a en effet délégué le commerce de ces indulgences en Allemagne à l’archevêque de Magdebourg et de Mayence, Albert de Brandebourg. Celui-ci perçoit en échange de son « travail » la moitié des sommes recueillies. Pas mal, comme arrangement. Surtout qu’il est criblé de dettes. Albert de Brandebourg conclut à son tour un marché avec les Fugger, une riche famille de banquiers rhénans à qui il doit des sommes folles : il leur versera la moitié des revenus engendrés par les indulgences. Le commerce sacré prend alors des allures de vrai trafic. Des marchands d’indulgence sillonnent la région, allant de ville en village pour récolter le plus d’argent possible. A ce petit jeu, le moine dominicain Johannes Tetzel est imbattable. Depuis 1502, le religieux s’est spécialisé dans ce trafic et en tire des revenus plus que confortables. Pour convaincre les croyants, il s’autorise quelques entorses avec la version du Vatican. Si on l’écoute, « Sitôt que sonne votre obole, du feu brûlant l’âme s’envole » : il suffit de payer pour que votre âme soit automatiquement sauvée du purgatoire. Evidemment, ça marche et les crédules fidèles s’empressent de vider leurs poches dans celles de Tetzel pour assurer leur salut !

Source :

Pantopique(s) lié(s) :
1500-1600Catholicismechristianismecommercefinancepeurprotestantisme