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Voler de ciel en ciel, l’océan…

repère(s) :environnement

[Aurait-on pensé que les océans demeureraient une ressource inépuisable, indépendante de nos modes de vie, de nos négligences ? Comment le constat de leur fragilité doit-il nous conduire à modifier nos comportements ? Que faut-il changer dans notre relation à la richesse des océans et à leur mise en danger ? La bouteille n’en clame-t-elle pas l’urgence !…]

Hélène Guiot s’intéressant aux pirogues polynésiennes nous confie que « la fréquentation, depuis des millénaires, d’espaces océaniques et de rivages insulaires a fortement marqué les conceptions du monde que développèrent les Polynésiens. Ainsi, toute île ou archipel constituait le centre, le nombril (pito), d’une coupole de ciel, caractérisée par une étoile zénithale. L’intersection de cette coupole et de l’océan formait le cercle de l’horizon. Chaque coupole était elle-même composée d’une superposition de cieux concentriques, domaines des dieux. Passer d’une île à une autre équivalait à accéder à un nouveau ciel, et voyager à se frayer un chemin à travers les cieux. Ainsi, les embarcations permettaient de parcourir l’océan, mais aussi de voler de ciel en ciel. » (books.openedition.org)

Voler de ciel en ciel ! Est-il plus belle image de cette ode à la vie ? Occasion à travers une évocation sensible, de nous laisser entraîner dans l’aventure des peuples, des espaces marins et des idées qui les ont reliés. Occasion parmi tant d’autres de découvrir Tangaroa, le dieu des océans, qui porte bien des noms. Tagaloa-lagi aux Samoa, Tanaoa aux Marquises, Takaroa à Hawaï… « Chef souverain », « gardien des marais », et surtout puissant rappel au respect que nous devons aux grandes eaux. Il est vrai que depuis les cultures de Lapita, l’épopée polynésienne regorge de valeurs par ses attributs, ses étapes, sa durée, ses savoirs, savoir-faire, savoir-être, autant d’éléments que nous gagnerions indiscutablement à retrouver sur nos chemins.

Alors que les mers & océans font aujourd’hui face à un acharnement insensé, alors qu’ils se voient systématiquement et honteusement vidés de leurs précieuses ressources comme si cet aveuglement passerait inaperçu ou serait indolore, avons-nous la force ou le courage de nous interroger sur les indispensables changements de cap à opérer ? Comment les accompagner dans la durée ? Que nous disent les peuples de l’océan sur les raisons et les moyens de le faire ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de la « mer » ?

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