L’existence de Nicosie remonte à l’Antiquité. Elle est la capitale de Chypre depuis le Xe siècle (Byzantins). La diversité des noms de la ville jusqu’à nos jours reflète l’histoire mouvementée de l’île et son peuplement partagé entre Grecs et Turcs depuis cinq siècles et demi : Ledra (grec antique), puis Lefkosia (grec moderne), déformé par les Latins (Francs, Vénitiens) en Nicosia, et Lefkosha (transcription littérale en turc) depuis la conquête ottomane (1571). Aujourd’hui, Nicosie-Sud, c’est Lefkosia, et Nicosie-Nord, Lefkosha. Et Nicosia/Nicosie au plan international. Juridiquement, elle est la capitale de la République de Chypre binationale depuis son indépendance en 1960, qui revendique sa souveraineté sur toute l’île. Mais de facto chaque moitié de la ville est depuis 1974 celle des deux républiques nationales séparées. En 1974, les Turcs ont créé un État fédéré turc de Chypre, transformé en 1983 en une République turque de Chypre du Nord indépendante, reconnue seulement par la Turquie. Pour la République de Chypre (en fait grecque depuis 1974), seule reconnue au plan international, membre de l’Union européenne (2004), Nicosie-Nord et Chypre-Nord sont des zones illégalement occupées par les Turcs (…) La coupure de la ville n’est qu’un segment de la ligne de démarcation de 180 km, la Buffer-Zone (Zone-Tampon), bande de 356 km2 qui coupe l’île en deux d’est en ouest sur une largeur de 7 km à quelques mètres et sépare au plan territorial les communautés grecque et turque. En 1964, en raison d’affrontements intercommunautaires, un général britannique, sur recommandation de l’ONU, trace sur un plan de la ville une ligne à l’encre verte (Green Line), de direction est-ouest, pour séparer physiquement les habitants grecs (sud) et turcs (nord). Elle divise la Vieille Ville historique (un cercle parfait entouré par les Vénitiens de remparts dotés de 11 bastions) en deux moitiés quasi égales. C’est en gros la ligne de cessez-le-feu où s’est arrêtée l’invasion turque le 16 août 1974. Elle est sous le contrôle des « Casques Bleus » de l’ONU (UNFICYP, à Nicosie des troupes britanniques) : une mesure de « maintien de la paix » et une consécration de la division politique et ethnique de Chypre et de sa capitale.
Source : revueconflits.com | 2020-09