Dans les années soixante, les universités américaines devinrent le théâtre de nombreux soulèvements étudiants. Les campus, apparemment éteints pendant la décennie précédente, rentrèrent très rapidement en éruption, car la jeunesse réagissait de manière épidermique, avec émotion et passion à des événements sociaux, politiques, culturels qui secouaient aussi bien la scène américaine qu’internationale. Les événements s’enchaînaient très rapidement : la rébellion culturelle et spirituelle des Beatniks fit place à l’émergence du Students for a Democratic Society (SDS) (janvier 1960), au sit-in de Greensboro en Caroline du Nord (février 1960), à la création du Student Non Coordinating Committee (SNCC) (avril 1960) et au soulèvement des étudiants contestataires de Berkeley dès 1958 dont le point culminant fut la création et les actions contestataires du Free Speech Movement (FSM) en 1964. Ce phénomène de boule de neige apportait la preuve d’une aspiration au changement, l’expression d’un désir d’une politique active et radicalement nouvelle. Entre la fin de la présidence Eisenhower et le début du libéralisme sous Kennedy, un courant contestataire multiforme et novateur vit le jour : la Nouvelle Gauche. Elle devint rapidement le point de ralliement de toutes les organisations de transformation sociale qui existaient aux Etats-Unis, si bien qu’elle était également connue sous le nom de « Movement ». En d’autres termes, la Nouvelle Gauche était perçue comme une étiquette, comme une appellation sous laquelle se rangeaient toutes les mouvances contestataires actives sur la scène politique américaine. Il pouvait aussi bien s’agir des Noirs, des minorités ethniques, des femmes, des homosexuels, des étudiants que des participants au mouvement contre-culturel, à partir de 1967. Les étudiants étaient les plus représentés, d’autant qu’ils pouvaient inclure certaines des dénominations précédemment citées ; ils étaient donc le dénominateur commun de la contestation. La principale organisation étudiante, le SDS, se distingua très nettement en raison de ses prises de position radicales et de son implication au niveau national pour devenir la figure de proue de cette Nouvelle Gauche. Quels étaient donc les traits symptomatiques de cette Nouvelle Gauche étudiante ? En quoi consistait cet activisme étudiant qui embrasait les campus ? De quelle manière ces jeunes contestataires comptaient-ils s’y prendre pour faire de l’Université l’antichambre du changement social ? Les revendications des étudiants de Berkeley qui visaient la « Multiversity » de Clark Kerr n’en sont-ils pas un exemple marquant ?
Par : Frédéric Robert
Source : cle.ens-lyon.fr | 2010
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