Le violon à deux cordes appelé morin khuur occupe une place de choix dans la culture nomade mongole. Des sources écrites datant de l’empire mongol des treizième et quatorzième siècles font état d’instruments à cordes au manche orné d’une tête de cheval. L’importance de ce violon va bien au-delà de sa fonction d’instrument de musique, car il était traditionnellement partie intégrante des rituels et de la vie quotidienne des nomades mongols.
La conception singulière du morin khuur est étroitement liée au culte du cheval, cher à ce peuple. Le corps creux de l’instrument, de forme trapézoïdale, est muni d’un long manche dépourvu de frettes et surmonté d’une tête de cheval à son extrémité. Juste sous la tête, deux chevilles font saillie comme des oreilles de chaque côté du manche. La caisse de résonance est recouverte d’une peau de bête, les cordes et l’archet sont en crin de cheval. Le son caractéristique de l’instrument est produit en frottant ou frappant l’archet contre les deux cordes. L’une des techniques de jeu les plus courantes est le tiré-poussé d’archet de la main droite, avec divers doigtés de la main gauche. Il est le plus souvent joué en solo, mais peut aussi accompagner les danses, les chants longs (urtiin duu), les récits mythiques, les cérémonies et les tâches quotidiennes liées aux chevaux. À ce jour, le répertoire du morin khuur a conservé quelques airs (tatlaga) spécifiquement destinés à dompter les animaux. La présence simultanée du ton principal et d’harmoniques a toujours rendu difficile sa transcription en notation classique. C’est pourquoi il est transmis oralement de maître à apprenti travers les générations.
Depuis une quarantaine d’années, la plupart des Mongoles ont émigré vers les agglomérations, loin du contexte historique et spirituel du morin khuur. De plus, l’instrument est souvent accordé pour répondre aux impératifs techniques du concert en salle, ce qui produit des sons plus aigus et plus forts qui éclipsent de nombreuses subtilités de timbre. Heureusement, les communautés pastorales qui vivent encore dans le sud de la Mongolie ont réussi à préserver de nombreux aspects de l’art du morin khuur ainsi que les rituels et coutumes associés.
Source : ich.unesco.org
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