Vers 1830, Hokusai s’empare de la montagne sacrée, associée à une divinité du feu, et refuge de sanctuaires shintoïstes. À l’égal d’un dieu, il l’approche, en état de grâce et de méditation, lui rendant un véritable culte. Trois ans plus tard, de cette fervente et poétique intimité naît le chef-d’œuvre, les Trente six vues du mont Fuji, qui place le maître au sommet de son art. Le mythique volcan ayant été traditionnellement célébré par les légendes, la littérature et la peinture japonaise depuis le 8e siècle, ce n’est certes pas le thème, récurrent, de cette somptueuse série d’estampes qui est ici novateur, mais bien l’originalité du propos. Montré ici pour la première fois sous de multiples points de vue, des lumières, des atmosphères changeantes, valorisé par d’ingénieux cadrages, le cône omniprésent s’impose parfois magistralement dans sa souveraine perfection pour, ailleurs, se laisser presque oublier à l’horizon lointain d’un paysage dynamique, plus occupé à mettre en scène les hommes, leurs activités, leur existence matérielle, voire spirituelle. (J. B.)
Source : essentiels.bnf.fr