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Et si le permafrost… ?

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[À une époque marquée par la présence de multiples formes de risques et de menaces, l’attitude qui consiste à s’en prémunir n’est-elle pas naturelle ? Jusqu’où peut-elle se prolonger ? Avec quels effets- positifs ou non ? Un principe général de précaution répond-il à ce souci de préservation ?…]

Vivre est un risque en soi. Le fait même de mener cette vie est une prise de risques. Certes, selon les conditions dans lesquelles nous vivons, plus ou moins encadrées, accompagnées, protégées, cette relation au risque prend des aspects différents. Il n’en demeure pas moins que le risque comporte une dimension constitutive de notre être au monde. Dès lors comment y faisons-nous face ?

Comment y font face les populations qui avaient pris coutume de vivre dans les contrées occupées par le permafrost (ou pergélisol), ce sol dont la température ne dépasse pas 0°C pendant plus de deux ans consécutifs. A-t-on idée que celui-ci occupe 20% de la surface terrestre ! Majoritairement présent en Alaska, en Sibérie, le voici en train de fondre pour la première fois depuis plus de 10000 ans, fin du dernier âge glaciaire. A-t-on idée des changements radicaux que cette fonte occasionne sur la fragilisation des terrains, la mise en péril des infrastructures bâties sur sa stabilité supposée, l’émission massive de méthane, ou encore la libération de bactéries et virus emprisonnés à quelques mètres de profondeur… ? Certains vont à estimer sa fonte plus ou moins complète aux alentours de 2050… Ironie cruelle de la langue, le permafrost peut se dire en russe Многолетняя мерзлота (Mnogoletnyaya merzlota), ou encore : Вечная мерзлота (Vechnaya merzlota) ce qui ici signifie littéralement le « givre éternel »… C’est-à-dire que par sa définition même, il serait donc supposé inaccessible à tout changement… Difficile d’expliquer cela aux habitants de Iakoutsk, une ville dont les demeures ont été érigées sur des poutres enfoncées à six mètres de profondeur dans le permafrost solide. Nous avons dit « risqué » ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition du « risque » ?

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