[L’environnement est aujourd’hui conditionné par la menace croissante du réchauffement climatique. Quels en sont les enjeux ? Et pourquoi peut-on (encore) échapper à la conscience que nous sommes supposé.es en avoir ? Pendant qu’elle traverse les saisons, que nous dit la bouteille de ce dérèglement ? Faisons halte à la fin de la saison des pluies, en Ethiopie…]
« La Reine de Saba apprit la renommée de Salomon et vint éprouver celui-ci par des énigmes. »
Premier Livre des Rois
Les premières mentions de la Reine de Saba apparaissent dans les Livres des Rois généralement datés du 6e siècle avant l’ère chrétienne. Il y est raconté l’histoire assez extraordinaire de cette souveraine qui visita Salomon à Jérusalem, le couvrant de cadeaux somptueux avant de s’en retourner dans son pays. Ce pays, le royaume de Saba, était-il localisé en Ethiopie ou dans le sud de l’Arabie ? Les commentaires et disputes vont bon train, chacun aiguisant ses arguments. En revanche, une chose se serait produite, la mise en place de toute une épopée dont elle fut l’incontestable source. C’est ainsi qu’un autre ouvrage à « la gloire des rois », le Kebra Nagast (ge’ez : ክብረ ነገሥት) datant du 14e siècle allait mettre en lumière une filiation selon laquelle la Reine de Saba et le roi Salomon auraient conçu un fils, Ménélik, duquel toute une dynastie naîtra. Quant au retour de la reine en son pays, celui-ci aurait donné lieu à une manifestation de grande allégeance de la part des dignitaires qui prit forme de considérables tributs destinés à remplacer la fortune dont elle s’était défaite à Jérusalem. Ce moment connu comme le « don des joyaux » ou Enkutatash (ge’ez : እንቁጣጣሽ), deviendra le 1er jour du calendrier éthiopien, soit le 1er du mois de Meskerem (correspondant généralement au 11 septembre). Symboliquement, Enkutatash est fortement lié à la nature et au climat puisqu’il se situe à la fin de la longue saison des pluies, à un moment où la campagne se couvre de marguerites jaunes que l’on ramasse en abondance.
Est-il plus bel hommage à ce rapprochement entre nature & culture que ces instants qui, comme ce Nouvel An, jalonnent les nombreux calendriers de leur concours ! Fête des pluies, fêtes du printemps ou de l’automne, fêtes des crues et des floraisons… combien de moments identiques devraient-ils nous ramener à la mesure naturelle du temps et aux équilibres qui y sont contenus ? À l’heure où le réchauffement climatique bouleverse tous ces équilibres au risque même de les balayer, n’y a-t-il pas là comme une urgence à nous en rappeler les innombrables apports et messages ?
Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition du « climat » ?
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