Dans les temps primordiaux régnait un jour sans fin, le soleil demeurait au zénith, les hommes ne savaient pas ce qu’étaient le crépuscule, la nuit. On chassait ; les enfants jouaient ; on dormait n’importe quand ; on faisait l’amour à la vue de tous ; c’était une époque sans querelle et sans guerre, la paix régnait. Tout aurait été pour le mieux si l’on n’avait entendu, proche et lancinant, le chant plaintif de Titiri nommant les montagnes, les collines, les rochers, les cours d’eau. Cette plainte ininterrompue terrifiait les ancêtres. Tout autour de l’endroit où perchait le démon régnait l’obscurité la plus totale. Lassés, les ancêtres décidèrent un jour de tuer l’oiseau démoniaque ; ils allumèrent un grand feu pour éclairer leur cible et lui donnèrent la mort. Alors la nuit s’étendit. Des êtres surnaturels ouvrirent la poitrine de Titiri et de son sang naquirent les esprits du crépuscule et du matin, les weyari/harikari. Depuis lors la nuit et le jour se succèdent.
Par : Jacques Lizot
Source : journals.openedition.org