Partie du corps située à son extrémité supérieure chez l’homme (ou antérieure chez les animaux) qui, en contenant tant le cerveau que les organes sensoriels, apparaît comme l’une des plus importantes. La relation à la tête est particulièrement importante pour de nombreuses cultures car elle véhicule un sens spécifique (religieux, symbolique, médical…). Et vous, quelle serait votre indéfinition ?Lire la suitetête
Catégorie : 21 mars 2022
« La santé est une auréole sur la tête du bien-portant que seul voit le malade. » N’est-il pas dans ce proverbe arabe toute la sagesse d’un propos qui unit tant de réalités pourtant dissociées ? Celles d’une santé qui indiffère nombre d’entre nous, jusqu’à ce qu’elle se rappelle, par son affaiblissement, a fortiori sa perte, à notre entendement. Trait d’union entre tous les êtres, la santé est indiscutablement un socle de la vie. Est-il ainsi étonnant qu’elle ait fait l’objet de tant de recherches et d’études, mais aussi de quantité de controverses et d’approches différenciées, portant sur ses savoirs, ses méthodes ou son économie ? Est-il étonnant qu’elle soit l’un des secteurs phares de l’ère numérique y inscrivant à son tour une série de contributions majeures non seulement sur ses usages, mais peut-être sur sa définition même…
1. Vision du monde
Centrale à la conduite de la plupart de nos activités, la santé, qu’elle soit physique ou mentale, définit pour bonne part notre relation à soi, aux autres et au monde. C’est à partir d’elle que nous entreprenons nombre de nos réalisations, c’est en sa remise en cause que des édifices dont nous ignorions parfois la fragilité se fissurent ou s’effondrent. Dès lors, la vision globale que nous en avons tient-elle un rôle déterminant dans la balance de la vie. C’est ainsi qu’Hippocrate, père de la médecine grecque, propose avec sa théorie des quatre humeurs d’établir ou rétablir les équilibres à l’intérieur du corps. C’est ainsi que les adeptes du yoga ne se contenteront pas de suggérer une série d’exercices épisodiques mais de concevoir à travers leur pratique, voire leur ascèse, un véritable rapport au monde. Et que dire de la communauté navajo, appelant à la considération du hózhó qui représente à la fois une philosophie de bien-être complexe et un système de croyances, appelant à des actes responsables dont dépendent nos équilibres de vie… De quoi nous amener à penser que la vision du monde définit autant la santé que celle-ci la définit en retour.
2. Cultures
Lorsqu’au 16e siècle, le médecin flamand André Vésale pousse les limites de l’anatomie en publiant ‘De humani corporis fabrica’ (« Sur le fonctionnement du corps humain »), on peut dire que la science médicale franchit un cap déterminant. Toutefois au-delà de son aspect scientifique, c’est tout autant un bouleversement d’ordre profondément culturel auquel on assiste. Celui-ci va changer la vision (interne) du corps et la relation autorisée qui nous lie à sa connaissance. Est-il à observer que cet ouvrage paraît la même année que le De revolutionibus orbium coelestium de Copernic, autre basculement déterminant ! Cet exemple place d’emblée la santé au cœur de nos cultures et pas une société, pas une communauté, n’échappe à la force de ce lien, pour le bien supposé de celles et ceux qui sont censé/es en profiter. Comment les cultures perçoivent-elles la santé ? Comment interprètent-elles la maladie ? Quelle place y prennent les soignant/es ? Déferlent alors en nombre incalculable tous les médicastres et les sorciers, les guérisseurs et les chamanes, les médecins et les devins, porteurs, porteuses, des valeurs propres à chaque culture et à sa manière de définir un corps ou un esprit sain. Des équilibres, des principes s’y fixent, aptes ou non à évoluer. À l’instar de Vésale, on y trouvera quelquefois la possible remise en cause de ces acquis, de ces fondements culturels et de leur interprétation. Ainsi parmi d’autres de Grégoire Ahongbonon prenant fait et cause pour un traitement plus humain de la santé mentale en Afrique de l’Ouest…
3. Savoirs & créativité
Que savons-nous de notre santé ? Que savons-nous des mécanismes susceptibles de la préserver ? ou de la restaurer ? Qu’en sait autrui que nous ignorons ? Nous tournerons-nous vers les pratiques orientales du Tai ji quan ou du Qi gong afin d’en accompagner quotidiennement le maintien ? Nous instruirons-nous dans les sociétés indiennes de la science ayurvédique ? Et si tel est le cas, mobiliserons-nous l’une ou l’autre de ses huit branches incluant la médecine interne, la pédiatrie, la toxicologie ou encore les aphrodisiaques…? De même nous familiariserons-nous avec les dix arts aidant à en dispenser les effets, parmi lesquels : la distillation, la cuisine, l’horticulture, la fabrication du sucre, etc. ? Irons-nous plutôt nous former aux côtés d’Ibn Sina (Avicenne) et de son Canon de la médecine (al-Qānūn fī al-Ṭibb), l’un des plus illustres ouvrages en la matière ? Ou référerons-nous à la science de Galien allant jusqu’à proposer une chirurgie du cerveau ou des yeux ? Tandis que la santé ne figure pas parmi les 7 arts libéraux, irons-nous quêter sa lumière sur les bancs des nouvelles facultés de médecine comme celle de Montpellier ?… Quant à aujourd’hui, comment notre connaissance est-elle en train de muter avec l’ère numérique ? Entre algorithmes aidant à la décision thérapeutique et automédication, entre commodité d’un savoir authentique dispensé en ligne, et retours aux conseils les plus obscurs, quelle autonomie, quelle assurance, gagner avec notre temps ?…
4. Du sens et des symboles
Bâton d’esculape, Caducée d’Hermès, ou coupe d’Hygie, étendard de la Croix-rouge et du Croissant-rouge, ou logo de l’OMS, les symboles de la santé, fort nombreux, en disent l’importance et le besoin de représentation. Si nous traversons toutefois les espaces que ces signes désignent, recouvrent-ils tous la même idée ? Quel sens attribuons-nous à la santé ? à la maladie ? au médicament ? En matière de santé, faut-il nous en reporter à la définition de l’Organisation mondiale de la Santé qui la décrit comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » ? Ou bien nous accorderons-nous avec le Docteur Knock nous confiant que « la santé est un état précaire qui ne présage rien de bon » ?
5. Communication & ère numérique
La santé porte une histoire plurimillénaire de communication et d’échange. Bien des moyens, bien des médias y concourent, du bouche à oreille à la publication d’ouvrages, de la consultation chez les médecins et praticiens à celle de forums en ligne. Et il serait en tout point éclairant de retenir les grandes étapes de cette constante évolution. Par exemple nous plonger dans le Kitab al-Hawi fi al-Tibb du grand chimiste iranien Rhazes (Razi) y faisant part de cas cliniques qu’il commente abondamment. Ou encore retrouver plus de 2000 ans plus tôt, le Manuel du Diagnostic babylonien, rédigé par Esagil-kin-apli, médecin de la petite cité de Borsippa. Mais aussi partir en Chine, pour nous immiscer dans l’entretien entre l’illustre Empereur Jaune et son ministre Qi Bai, donnant corps au Huangdi Nei Jing, composé initialement de dix-neuf chapitres divisés en deux parties… De nous demander alors quels grands actes de communication en matière de santé, notre époque laissera-t-elle à son tour ? Quelles formes innovantes prendront-ils ? Pour quelle audience ? Pour quelle durée ?…
6. Economie & emploi
Invention du Tensiomètre en 1905 par Korotkov ou de l’Ophtalmoscope par von Helmholtz, 50 ans plus tôt. Innovations apportées par l’IRM, le scanner ou l’échographie, mais aussi auparavant par la seringue, les écarteurs, les anesthésiques… L’histoire des inventions médicales est à la dimension de l’épopée humaine. Mais il est un aspect qui l’accompagne tout aussitôt, l’économie dont tout ceci fait l’objet. Car ici se pose avec force la question des ressources ou de la rémunération, ainsi que la possibilité pécuniaire d’accéder ou non aux moyens dispensés. Bien entendu, d’autres aspects s’en mêlent, notamment culturels et éthiques, et cela de longue date… N’est-il pas inscrit dans les toutes premières lignes du serment d’Hippocrate : « Mon Maître en médecine, je le mettrai au même rang que mes parents. Je partagerai mon avoir avec lui, et s’il le faut je pourvoirai à ses besoins. Je considérerai ses enfants comme mes frères et s’ils veulent étudier la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement… » Et que dire de cet avertissement médiéval dispensé aux médecins afin de les prémunir contre les déboires encourus : « Pendant la maladie on promet l’univers au médecin, mais on a vite fait de l’oublier dès que la santé est revenue. Que le médecin insiste donc pour se faire payer, ou du moins pour obtenir un gage. Grâce à cette précaution il restera l’ami de son malade… » Avec le développement différencié de nos sociétés, une économie considérable s’est mise en place couvrant les soins, les conseils, les médications… Quels en sont les fondements ? À l’instar de ce qui précède, quelle en est l’éthique ? Comment le numérique en redéploie-t-il peu ou prou non seulement les formes, mais les relations, les contenus et les emplois ?…
7. Société & histoire
Toute société peut être appréhendée relativement à son niveau de santé. Devrons-nous étonner de la voir inscrite dans l’un des premiers critères de l’IDH à travers « l’espérance de vie » ? N’est-ce pas le Bhoutan qui propose à travers son Bonheur Intérieur Brut de retenir tant le bien-être, la gestion du temps, l’éducation… qu’évidemment la santé ? De la plus lointaine antiquité, aux institutions et lois les plus modernes, cette considération par les sociétés humaines pointe l’importance à y accorder et l’erreur à le négliger… Ainsi par exemple de Mehrgarh, dans la vallée de l’Indus, dont la civilisation semble avoir disposé d’un savoir avancé en matière de médecine et de dentisterie. Ainsi des guérisseurs traditionnels polynésiens, les tahu’a, bénéficiant d’une large connaissance des plantes médicinales, considérés comme détenteur d’un don, d’un véritable pouvoir lié au mana. Ainsi des marabouts présents en Afrique du Nord et de l’Ouest, et de leur position dans les communautés… Dans toutes ces lignes, des destins se croisent faits de science, mais aussi de croyance et de superstition, faits de pouvoir, d’économie et d’échange. Dans toutes ces lignes, des histoires se dessinent qui en s’assemblant donnent une image assez exacte de l’état de développement de nos sociétés…
8. Vie, écologie & développement
Nous suivons les pas de Li Shizhen, médecin chinois de la dynastie Ming. Dans son sillon, nous nous efforçons de comprendre comment celui-ci composa l’un des ouvrages les plus fascinants de l’histoire de la pharmacopée, le Bencao Gangmu. Toutefois ce qui retiendra ici plus particulièrement notre attention, c’est le contexte végétal, animal, minéral… qui, tout au long de son périple, en autorisa la rédaction… Nous entrons dans une hutte de sudation, dite inipi chez les Lakotas, et par la grâce des pierres chaudes et de la vapeur, nous rétablissons le lien avec l’univers qui nous entoure… et avec nous-même… En vérité le concept de santé est indissociable de l’environnement qui la favorise ou pas. À l’heure de bouleversements climatiques majeurs, à l’heure où les activités humaines se révèlent pour certaines plus conséquentes que nous aurions voulu ou voudrions l’admettre, plus que jamais ce rapport entre santé et environnement affirme sa primauté. De l’alimentation au rythme de vie, de l’usage des techniques aux contraintes de nos professions, de l’extinction des espèces à la pratique du sport, un entrelacs de facteurs s’y dessine. Sommes-nous à la hauteur de leurs enjeux ? Pouvons-nous l’être ?…
9. Humanité & projet de vie
Si Imhotep peut être considéré par certains comme le fondateur de la médecine en Égypte antique , il se trouve que le premier médecin connu pourrait bien être pareillement un Égyptien, chef des dentistes et des médecins du roi Djéser. C’est du reste également sur ces terres qu’on trouverait la première femme médecin, une certaine Peseshet. Tandis que les millénaires ont suivi leur course, comment s’est déployé ce rapport de la santé au genre ? Quelle place les femmes et les hommes ont-elles, ont-ils occupée parmi tous les métiers relatifs à la santé relativement au pouvoir qu’ils confèrent ? Comment s’y est réparti l’accès aux soins ?… Nous plongeons dans le temps et retrouvons dans les Alpes austro-italiennes, et leur sarcophage de glace, celui qu’on a fini par baptiser Ötzi. Piégé il y a 3000 ans, nous livrant une connaissance inégalée de son époque, observons les matériaux dont ses attributs témoignent : bouleau, silex, if, frêne, ortie, amadou… Puis voici que notre observation se fait plus précise, et l’état de sa dentition, de ses ongles, ou de son épiderme, nous renseignent progressivement sur l’état de santé qui fut le sien. Que diront dans 3000 ans, les savants qui étudieront le nôtre ? Quelle idée se feront-ils de ce qui fut notre manière de la vivre ?…
10. Avenir, paix & renaissance
Recours accru aux nano-biotechnologies, découverte de nouveaux traitements pour faire face aux présentes et futures épidémies, accroissement du niveau de connaissance individuelle facilité par les savoirs dispensés, mais aussi mise en cause de pratiques peu éthiques, de quoi demain sera fait en ce domaine essentiel à la survie de notre espèce… Comment y intégrerons-nous avec une plus grande intelligence la santé des autres espèces dont nous avons à plus d’un titre décidé de prendre la responsabilité ? Comment y cheminera la dimension hautement géopolitique de la santé ? N’est-ce pas l’OMS qui indique que « la santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité; elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des États. » Sommes-nous, serons-nous au rendez-vous ?…
santé
Etat de bien-être physique, mental, spirituel mais aussi émotionnel ou social – Suppose une estimation plus ou moins précise de l’équilibre et des conditions de son établissement, de sa conservation ou de son rétablissement. Fait référence à des pratiques très différenciées selon les cultures et les sociétés, dont l’efficacité peut être discutée et dont la mise en œuvre nécessite des…Lire la suitesanté
posture
Position du corps dans la variété des situations de veille ou de sommeil (s’asseoir, se lever, se pencher, se coucher…), conditionnés par la réalité des lieux où elle s’inscrit. Reflète des éléments de contrainte ou au contraire de liberté liés à différents facteurs : cultures, coutumes, devoirs, statuts, hiérarchie, etc. Et vous, quelle serait votre indéfinition ?Lire la suiteposture
organe
Une unité structurelle et fonctionnelle différenciée, comme un rein ou le cœur. Chaque organe peut avoir une signification culturelle ou symbolique particulière selon les individus ou les sociétés. Et vous, quelle serait votre indéfinition ?Lire la suiteorgane
médicament
Substance spécialement préparée à soigner, guérir une maladie ou atténuer un symptôme. Prend les formes les plus diverses au regard des médecines, et de l’idée que l’on se fait de la relation aux équilibres corporels. Peut être produit dans les conditions les plus naturelles ou au contraire passer par une démarche extrêmement sophistiqué, de nature scientifique, économique et industrielle. Suscite…Lire la suitemédicament
membre
Chacune des quatre parties du corps humain qui s’attachent au tronc (bras, jambes). Très impliqués dans la relation à de nombreuses activités, les membres peuvent venir à manquer selon certaines situations (handicap, accident, immobilisation…). Et vous, quelle serait votre indéfinition ?Lire la suitemembre
maladie
Renvoie à la perte provisoire ou durable des équilibres fondamentaux qu’on crut peut-être définitivement acquis, et qui tout au contraire révèlent soudain notre fragilité constitutive. Certains assurent que le mode de vie (activités, nutrition, etc.) peut la tenir (accessoirement ou globalement) à l’écart, tandis que d’autres pensent qu’elle reflète une relation subtile au monde non seulement des hommes, mais des…Lire la suitemaladie
manger
Activité consistant à se procurer quand et comme on le peut les éléments nutritifs nécessaires à maintenir les équilibres vitaux – Lorsque la question de cette nécessité et de la difficulté qu’elle rencontre en tant d’endroits ne se pose pas ou plus, manger devient une corvée pour les uns, un plaisir pour les autres, et se rappelle quelquefois à l’attention…Lire la suitemanger
fumer
Aspirer (et expirer dans une moindre proportion) la fumée du tabac (ou de matières comparables) dans la recherche d’un plaisir personnel donné, ou/et en raison d’une forme de dépendance, avec des effets diversement conséquents sur l’organisme et la santé – Certains environnements sociaux ou parfois culturels y encouragent, épisodiquement ou plus régulièrement, tandis que d’un autre côté l’abus d’une telle…Lire la suitefumer
corps
Ensemble des éléments tant internes qu’apparents d’un être vivant, appréhendé en soi dans son rapport au bien-être, à la santé, ou quelquefois par complémentarité (ou opposition) à l’esprit. Et vous, quelle serait votre indéfinition ?Lire la suitecorps