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Çatal Höyük, la cité sans rues…

repère(s) :habiter

[Il est un cadre dans lequel s’animent la plupart des récits de bouteille : le logement, l’habitat… De quoi y témoigner concrètement de nos formes d’équilibre individuel, comme plus globalement du projet politique de nos sociétés. Comment pouvons-nous donc contribuer à ce projet où chacun devrait être appelé à vivre et à s’épanouir ? Que nous en dit l’ histoire de nos sociétés ?…]

De l’antique Babylone du roi Hammourabi 18 siècles avant notre ère, à la nouvelle Brasilia érigée en 1960 par Oscar Niemeyer et Lucio Costa, de la « fermeture » d’Angkor en 1431, ou de la découverte à partir de 1951 du site de Çatal Höyük, ville sans rue, à l’expansion économique de Lagos ou de Shenzhen, la chronique des cités humaines constitue une inépuisable source de réflexion sur le destin commun aux humanités, et sur leurs manières diverses de le concevoir. Que ce soit au regard de la gestion de l’eau, de la circulation des biens et des personnes, que ce soit dans le traitement des déchets ou la présence politique sur une agora, cette variété des conceptions renvoie à l’aventure à travers laquelle se sont constitués des droits et des devoirs, conditionnés par les systèmes politiques, juridiques, économiques, religieux… qui les ont accompagnés, portés, encadrés.

Parallèlement, que ce soit sous forme troglodytique ou sur pilotis, que ce soit à base de terre séchée ou de blocs de glace, l’habitat humain n’a cessé de se diversifier en s’adaptant aux conditions des lieux, matières et techniques. En chaque situation établie, parfois durablement, des enseignements ont été collectés et transmis aux nouvelles générations. Les savoirs les plus pointus s’y sont essayés, affinés, faisant de chaque édifice l’espace renouvelé d’un génie questionné et éprouvé.

Or voici que notre époque dans toute sa créativité, son économie, ses besoins et ses contradictions, écrit un nouveau chapitre de cette histoire. Un chapitre dont nous pouvons retenir la vitalité, l’intelligence en mouvement, l’ingéniosité technique ou la mouvance artistique. Un chapitre dont nous pouvons contradictoirement pointer les inégalités criantes, les zones de non droit, les abandons économiques ou politiques, la pauvreté éthique ou esthétique… Entre les deux, nous trouvons un questionnement, immense, décisif : celui de penser l’habitat dans toute sa contribution à l’équilibre des humanités.

Et pour cela peut-être devrions-nous revisiter notre vocabulaire urbain à base « d’immeuble », de « rue », « d’eau », « d’énergie »… ? Où l’on se prendrait à imaginer une construction durable, faite de matériaux recyclables et d’énergies propres. Où l’on se prendrait à imaginer une cité repensée à renfort de solidarité renouvelée et d’intelligence participative… Le 1er lundi d’Octobre est la journée mondiale de l’habitat – Occasion de faire le point sur la diversité culturelle de ce besoin universel.

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de la « ville » ?

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