L’effet Rashomon désigne un phénomène fascinant : la manière dont un même événement peut être raconté de façons radicalement différentes selon les individus qui en ont été témoins. Le terme vient du film d’Akira Kurosawa, Rashōmon (1950), où un crime est relaté par plusieurs protagonistes, chacun livrant une version incompatible mais sincère à ses yeux. Cet effet illustre d’abord la subjectivité de la perception. Ce que nous croyons voir est filtré par nos émotions, nos intérêts, nos peurs, nos désirs. La mémoire elle-même n’est pas un enregistrement neutre : elle reconstruit, simplifie, accentue, parfois déforme. L’effet Rashomon nous rappelle ainsi que la vérité n’est pas seulement une question de faits, mais aussi de points de vue. Dans la société contemporaine, marquée par les réseaux sociaux et la multiplication des récits, ce concept trouve une résonance particulière. Qu’il s’agisse d’un événement politique, d’un conflit personnel ou d’une scène de la vie quotidienne, chacun produit sa propre interprétation, souvent incompatible avec celle d’autrui. Comprendre l’effet Rashomon, c’est accepter que nos certitudes peuvent être partielles, et que l’écoute des autres versions est essentielle pour approcher une vérité plus complexe, plus nuancée, parfois insaisissable.
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1950-1975cinémadiversitéJapon
