Ainsi que les « Dialogues du 21 » le proposent dans leur fabrique d’un dictionnaire interculturel, nous partons ici de l’idée de nous intéresser à l’ensemble du savoir, des savoirs. D’y mêler cultures, langages, sciences, arts, spiritualités, métiers… Non pas pour les figer dans une série d’étagères ou de fiches classées dans un ordre immuable, mais tout au contraire pour y convier chacun, chacune à une navigation libre et volontaire. Cette idée vise à la consolidation ou à l’enrichissement des repères susceptibles d’aider voire devancer cette navigation, plus ou moins nombreux selon notre désir et notre disponibilité. Pour y accompagner sont formulés une série de moyens, d’outils, et finalement une méthode et un tableau de bord au premier rang desquels figurent [comme les onglets du site en attestent] les indéfinitions & les pantopiques.
Les indéfinitions reflètent pour leur part la variabilité du sens nous encourageant, autant que nous le souhaiterions, à y partager les valeurs, les expériences, les opinions que nous y plaçons. Leur liste ne cesse de s’étendre et demeure ouverte aux déclinaisons que chaque entrée pourra inspirer. Les pantopiques quant à eux se trouvent – par milliers – au carrefour des repères qui leur sont associés et, chemin faisant, recueillent progressivement les fragments les plus divers. On aura néanmoins compris qu’une telle visée ne peut être qu’une esquisse hautement perfectible, a fortiori dans la fabrique artisanale qu’est la sienne. Ainsi les familiers de cet espace auront-ils pu observer combien de tels fragments s’actualisent constamment au gré des publics, des ateliers, des Actes qui jalonnent l’histoire des Dialogues. Tout cela en modifiant, corrigeant, et le plus souvent complétant les quelques éléments qui s’y trouvent. En vérité, le projet de s’intéresser à « tous les savoirs du monde » ne peut que se confronter à l’ampleur de ses manques tout en renvoyant à un illusoire et lointain « point d’équilibre », si tant est qu’il y en est un. Mais à tout vous avouer, je crois davantage que les « Dialogues du 21 » invitent à autre chose, disons plutôt à un état d’esprit, questionnant la méthode qu’ils proposent afin de penser cette navigation en des termes peut-être plus innovants… Cette méthode tient précisément en 5 temps.
Une ère de communication ?
Pour en situer l’émergence, et mieux en saisir la visée, tout est parti du constat que nous vivions indiscutablement une « ère de communication », monde numérique, web, réseaux sociaux et autre opulence informationnelle ou infobésité aidant. Or peut-être jamais dans l’histoire humaine, une telle communication promise à tant de positivité, d’échanges, de rencontres, de partage, n’a été aussi prise en défaut de sens, d’humanité, de respect mutuel… Chacun en analysera les causes & les conséquences, et nous avons pris le parti d’en faire écho dans nos colonnes tant la réflexion en ce domaine dans toute son interdisciplinarité est riche et éclairante. C’est d’ailleurs en partant de ce même constat, qu’une contribution au défi qu’il nous lance, a été ici également dessinée. Celle-ci a donc pris le cap d’une réflexion déclinée en 5 temps laquelle ne saurait bien entendu englober tous les aspects du problème énoncé, mais suggère d’apporter son concours aux possibilités de l’atténuer, sinon de le résoudre.
Les 5 temps : architecture des pantopiques…
Les 5 temps ont ainsi lorsque les circonstances s’y prêtent, pour objet d’associer « communication » et « savoirs », tout en nous interrogeant successivement [représentons-nous une spirale ascendante où chaque temps nourrit le suivant] : sur notre capacité d’écoute [1er temps], d’accès à la connaissance [2ème temps], de compréhension et en particulier de questionnement [3ème temps], mais aussi de compréhension mutuelle [4ème temps], afin et seulement si cela est requis, de communiquer [5ème temps].
Au sens premier du terme « méthode », à savoir de la « poursuite d’un but », les 5 temps que nous développons brièvement ci-après ont alors pour mission de renvoyer chacun, chacune d’entre nous, à la responsabilité de son propre voyage où chaque pantopique est un prétexte afin de l’enrichir, le questionner. Où chaque pantopique à construire par nos propres soins en 5 temps, loin de faire l’objet d’un format préétabli à prétention « universelle », s’ancre dans notre rapport au monde, tout en nous y invitant à l’humilité, comme à l’engagement. Où chaque pantopique, quel qu’en soit le thème, jugé ordinaire ou sensible, passé ou très actuel, offre une occasion d’enquêtes, de raccordement aux repères déjà acquis et, parfois, de remise en cause. En d’autres termes, l’on comprendra ici que l’objectif des « Dialogues du 21 » ne saurait être de prédéterminer les innombrables chemins par lesquels nous pouvons être confrontés à la complexité du monde, mais de contribuer peut-être à en favoriser la saisie tout en faisant confiance à la raison toute individuelle de l’entreprendre…