21 janvier 2022

repère(s) :

Saluer. Se saluer.

Une affaire bien ordinaire. Si ordinaire qu’on l’accomplit souvent machinalement dans un couloir de bureau ou d’école, un croisement dans la rue ou dans une boutique, enfilant des formules ou des gestes convenus.

Et pourtant, n’y a-t-il pas dans ce moment une part de l’essence propre à toute relation humaine ? Une part qui, pour peu qu’on lui accorde un réel intérêt, renvoie à la force de la Vie, de la présence partagée, de l’attention qu’on peut lui porter. Une part qui raconte comment d’un jour, d’une matinée, d’une soirée à l’autre, se renouvelle le mystère de la rencontre et de cette coexistence dont on pourrait penser qu’elle requiert bien plus qu’un automatisme conscient ou non.

Oui, dire « bonjour » dans toute la variété de nos langues, de nos gestuelles. Adresser la bienvenue à l’autre que l’on connaît déjà ou que l’on découvre. Avec lequel, avec laquelle on va cheminer un moment ou que l’on croise dans une circonstance éphémère.

Respect que l’on se doit mutuellement, mais aussi manifestation du regard que l’on porte sur cette altérité qui nous assemble et dont le premier contact, aussi répétitif soit-il, ou peut-être a fortiori lorsqu’il se répète, nous enjoint à manifester cette part d’humanité harmonieuse.

Combien les cultures peuvent nous aider à en exprimer la force, à en retrouver le sens profond. Mains jointes du namaste नमस्ते (ou namaskar) en Inde, pratiques du o-jigi お辞儀 et des codes de politesse au Japon, puissante manifestation du chez les Maoris hongi en Nouvelle-Zélande, rite du mano po vis-à-vis des aÎné.es aux Philippines, salut traditionnel mongol du zolgolt… et combien d’autres promesses de cette entrée en corps et esprit, de cette communion dont tant de choses peuvent dériver avec bonheur.

Saluer. Se saluer. Arriver. Partir. Accueillir. Accorder à l’autre et tout autant à soi, toute la magie qui prélude à l’échange jusque dans nos silences.