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Créer l’alphabet coréen…

repère(s) :écriture

L’alphabet coréen, dit hangeul, est reconnu pour sa capacité à bien restituer les sons de la langue coréenne. On dit que pour atteindre cette perfection, ses créateurs se sont inspirés des mouvements de la langue, des lèvres, des dents…, afin de dessiner les lettres. Pour combiner les différentes syllabes, le hangeul fait principalement appel à 14 consonnes et 10 voyelles de base. Il faut leur ajouter 16 autres lettres comme « pp » ᄈ, « e » ㅔ ou « wa » ㅘ. On appelle ces éléments phonologiques : jamos. Consonnes et voyelles s’assemblent pour représenter des sonorités diverses. Par exemple la syllabe 평 pyeong est l’association de ㅍ « p », ㅕ « yeo » et ㅇ « ng ». De son côté, la syllabe 화 hwa combine ㅎ « h », et ㅘ « wa ».
L’écriture coréenne date de 1443. À cette époque, les Coréens écrivaient en chinois, bien que les langues coréenne et chinoise soient très différentes. C’est le roi Sejong 세종대왕 (1397-1450) qui décida de sa création pour favoriser l’éducation du peuple. Pour rendre hommage à cette création, les Coréens du Sud fêtent l’écriture tous les 9 octobre. Il existe également une fête de l’écriture en Corée du Nord qui a lieu le 15 janvier. Notons que dans le Nord, l’écriture s’appelle joseongeul 조 선 글 (ou chosŏn’gŭl).
Le Chant des Dragons Volant dans le Ciel est le premier texte diffusé en ce nouvel alphabet :
« L’arbre dont la racine est profonde ne se balance pas au vent, ses fleurs éclosent splendidement alors que ses fruits abondent. » « L’eau dont la source est profonde ne tarit pas même par sécheresse, en formant une rivière elle coule à la mer. »
Chant des Dragons Volant dans le Ciel (Yongbieocheonga) – Chapitre 2

Observons toutefois que de nombreux hommes de lettres formés à la maîtrise du chinois manifestèrent aussitôt leur opposition. Comment ce roi, par ailleurs lettré lui-même, pouvait-il imaginer que cette nouvelle écriture connaîtrait le moindre succès ! N’était-elle pas « l’écriture d’une matinée » ? On comprendra ici qu’à leurs yeux la difficulté d’apprentissage du chinois était une garantie de sérieux que ne remplissait pas une écriture qu’on pouvait donc apprendre « en une (seule) matinée ».

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