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Le tragique destin de Nauru…

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Peut-on dire que c’était autrefois l’un parmi les paradis terrestres ? Oui, on le peut.
Peut-on dire que la chute en fut brutale ? Sans doute, malheureusement.
L’endroit où nos pas nous portent aujourd’hui, se nomme Nauru, un pays situé dans l’océan Pacifique, à une cinquantaine de kilomètres au sud de la ligne équatoriale.
Un pays qui renvoie aux origines incertaines de son peuplement, puis à la constitution de douze tribus initiales.
Noix de coco, bananes, takamakas… en constituent l’environnement naturel.

Puis viennent les Européens, en particulier les Allemands et en 1900, une découverte va changer le cours de l’histoire insulaire : celle de très abondantes mines de phosphate, minerai utilisé dans l’agriculture et le jardinage comme engrais.
Le siècle verra l’Australie et la Nouvelle-Zélande s’en disputer la maîtrise, l’Australie finissant par l’emporter.
Et c’est tout naturellement que lors de l’indépendance acquise en 1968, Nauru se tourne vers sa richesse providentielle. Le phosphate, bien que ses gisements soient alors estimés à une trentaine d’années d’exploitation, va alors propulser toute la communauté vers une situation inédite.
Alors que le marché du phosphate mondial atteint des sommets, l’argent afflue et une société de consommation déferle sur l’île. Le pays accède même au deuxième rang mondial quant au revenu annuel moyen par habitant – après l’Arabie Saoudite !
Le tout allant de pair avec une modification radicale du mode alimentaire, qui sera bientôt la cause de maladies majeures et d’un taux explosif d’obésité.
Certes, tout en songeant que cela n’aurait qu’un temps, le pays investit en particulier dans l’immobilier. Et parmi d’autres, le plus haut gratte-ciel de Melbourne, la Nauru House, en voit flotter fièrement le drapeau. Une compagnie d’aviation est même créée ainsi qu’un aéroport international.
Puis, c’est la chute ! Chute des cours du phosphate et du train de vie qu’il autorisait alors que les réserves vont vers leur épuisement et que les placements réalisés ne donnent pas les effets escomptés.
Hérodote ne disait-il pas que « la félicité humaine ne saurait longtemps se maintenir en un même lieu ».
Nauru en a connu le prix élevé, et il ne reste plus qu’à souhaiter à ses enfants d’être les meilleurs gardiens d’un fonds bien plus précieux, celui de la culture de l’esprit et des traditions qui, elles, ne s’épuisent jamais.

Morale de l’histoire : Alors qu’on lit souvent que l’expérience de Nauru devrait servir de phare à la déraison environnementale qui mène le monde, ne jugeons pas hâtivement le destin d’autrui et prenons plutôt la mesure de celui qui guette chacun, chacune de nous…

La devise de Nauru était pourtant claire : God’s will first, « La volonté de Dieu d’abord ». Ainsi vont les sociétés humaines.
Drôle de monde !

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