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Alors vint l’imprimerie…

repère(s) :écriture

L’avènement de l’imprimerie occidentale au XVe siècle n’alla pas sans obstacles.
Si Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg (v.1400-1468) y est crédité de l’invention – en Occident – des caractères métalliques mobiles, son existence ne fut pas de tout repos.
L’impression de la Bible à quarante-deux lignes, s’accomplit en effet dans un contexte économique difficile, lui valant procès et perte de son imprimerie.
On se souviendra également combien les copistes et l’immense marché qu’ils représentaient furent d’emblée hostiles à cet auxiliaire du démon que fut dès ses origines la presse à imprimer.
En France n’est-ce pas le roi François 1er qui, soucieux de la diffusion des idées luthériennes, fait interdire l’imprimerie le 13 janvier 1535 !
Cette décision fait suite à l’Affaire des placards, écrits profondément anticatholiques ayant été affichés la nuit du 17 au 18 octobre 1534. L’un d’eux fut retrouvé sur la porte de la chambre même du roi.
Certes cette interdiction fut levée quelques jours plus tard, mais elle ne fut pas sans instituer un système de censure.
De même le monde islamique demeura-t-il longtemps fermé à cette invention.
On voyait encore à la fin du XVIIIe siècle des légions de calligraphes manifester dans Istanbul portant cercueils où ils avaient déposé rouleaux et calames.
Et pourtant, quel bouleversement majeur que celui de l’Imprimerie !
Mille noms y surgissent comme animés de la flamme d’un brasier longtemps couvé.
Le Grec Démétrius Chalcondyle (1423-1511) imprime la première édition d’Homère.
À la suite de Lodewijk Elzevir (1540-1617), toute une famille se consacre à l’impression et à la librairie.
De même des Estienne, ou encore de la dynastie Didot dont le nom restera lié à la normalisation des dimensions des caractères d’imprimerie.
Puis au XVIIe et XVIIIe siècles un vaste courant de réduction physique s’empare de l’édition d’ouvrages : dictionnaires et manuels portatifs deviennent d’un usage plus facile, et d’un coût moindre !
L’amplification « populaire » que connut le dictionnaire au XIXe siècle n’en est-elle pas la conséquence directe !

Morale de l’histoire : Ne négligeons pas de nous intéresser aux révolutions qui ont participé à rebattre les cartes du savoir…

Bien entendu, comment conclure cet épisode sans rappeler qu’une autre tradition de l’imprimerie, antérieure à Gutenberg, vit le jour en Chine. Dès le IXe siècle, des blocs de bois y furent gravés pour imprimer textes et images. Puis au XIe siècle, apparurent les caractères mobiles, technique bientôt étendue et améliorée par les Coréens.
Drôle de monde !

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1400-1500ChineCoréeFranceimprimerie