Catégories
Articles

D’un clavier à l’autre

repère(s) :écriture

Si les termes QWERTY ou AZERTY ont conquis de larges audiences – on y vient,
qu’en est-il du clavier Dvorak ?
La disposition des touches de ce clavier a été optimisée pour la saisie de l’anglais par un professeur en psychologie à l’université de Washington à Seattle, August Dvorak, dans les années 1930. Adaptée à d’autres langues, elle a eu un succès mitigé, une forte concurrence étant déjà en place.
La concurrence était, entre autres, celle du fameux clavier QWERTY !
Mais au juste, qui a pu décider de l’ordre des lettres sur un clavier, que ce soit celui de nos antiques machines à écrire ou de nos ordinateurs et smartphones ?
Cette disposition viendrait de Christopher Latham Sholes (1819-1890) natif de Pennsylvanie. Imprimeur, éditeur, il déposa pas moins de 15 brevets relatifs aux machines à écrire. Les premières furent proposées avec un clavier alphabétique – et n’intéressèrent pas grand monde.
Or voici qu’en 1873, la Société Remington lui signa un contrat sur une autre machine équipée d’un clavier QWERTY.
Enorme succès ! En 1890, au décès de Sholes, et bien que celui-ci eût proposé d’améliorer le clavier – sans être entendu, plus de 100 000 machines à écrire Remington à clavier QWERTY étaient utilisées dans tout le pays. On connaît les suites : l’extension au monde entier.
Mais alors : pourquoi QWERTY ?
Selon l’histoire populaire, Sholes aurait redessiné le clavier en écho aux défaillances mécaniques des premières machines à écrire. L’idée y était d’éloigner les paires de lettres dont la succession était trop fréquente afin de limiter les risques de blocage des tiges…
Vous imaginez ? Des milliards de gens utilisant une disposition de clavier qui s’est poursuivie dans le monde numérique… en raison de tiges s’entrecroisant ! Cocasse.
Une autre interprétation voudrait que la disposition de la première ligne ait été choisie afin que toutes les touches nécessaires à l’écriture du mot « typewriter » (« machine à écrire » en anglais) s’y trouvent. Fort utile aux vendeurs et démonstrateurs. Mignon !
Or voici qu’en 2011, deux chercheurs de Kyoto remettent tout en question. Selon eux, cette disposition serait liée au travail des télégraphistes pour l’envoi de messages… en morse. Captivant !
Notons enfin que d’autres dispositions ont vu le jour, comme le clavier AZERTY familier en France ou en Belgique, tandis qu’on va retrouver en Suisse romande un clavier QWERTZ entre divers autres !

Morale de l’histoire : La prochaine fois que vous utilisez un clavier, demandez-vous quelle disposition, existante ou à inventer, vous paraîtrait la plus appropriée ! Qui sait, un brevet à la clé !

Face à l’utilisation accentuée des pouces bien mise en lumière par le regretté Michel Serres, un nouveau clavier, dit KALQ, adapté à cette frappe, a été développé à partir de 2013, de quoi augurer de bien d’autres lendemains !

Drôle de monde !

Source :

Pantopique(s) lié(s) :
1850-1900écritureEtats-Unis d’Amériquelg anglaismachineSuisse