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Le cia-cia et l’idée coréenne…

repère(s) :écriture

Nous sommes sur l’île de Buton, en Indonésie, située dans la province de Sulawesi du Sud-Est. Sa plus grande ville se nomme Bau-Bau, une cité où a été érigé un vaste palais dont l’enceinte extérieure est percée de 12 portes. Parmi les langues qui y sont pratiquées, on trouvera le cia-cia, une langue austronésienne ne disposant pas de système d’écriture propre. Le mot cia signifierait « non », ainsi dupliqué dans la dénomination cia-cia, en somme « non-non » ! Pourtant c’est derrière un franc « oui » que la communauté se rangea en 2009 en proposant l’adoption de l’alphabet… coréen ! C’est ainsi que nous obtenons l’écriture de cette langue (« langue » se dit bahasa en indonésien) en hangeul* (alphabet coréen) :
바하사 찌아찌아
(bahasa jjiajjia)
Si l’on observe toutefois que Séoul est situé à près de 15 heures en avion, accessible après deux escales, comment expliquer qu’une communauté indonésienne ait pu en arriver à une telle idée ? Certes, la transcription du cia-cia n’en était pas à son coup d’essai puisqu’avant de pratiquer l’alphabet latin, on employa une autre écriture dite gundhul, proche du jawi, une adaptation de l’alphabet arabe utilisée par exemple pour la langue malaise… La Constitution indonésienne ne l’a toutefois pas entendu de cette oreille et a déclaré en 2012 cette initiative non conforme à la loi, stipulant que les (nombreuses) langues pratiquées dans l’archipel doivent impérativement être transcrites en latin. Soit ! Mais que l’on ne s’y trompe pas, l’intention n’est jamais neutre et qui sait comment elle pourrait demain rebondir. Quant au coréen, c’est là une autre histoire que nous ne manquerons pas de recroiser sur les chemins…

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