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Le temps des crises…

repère(s) :crise

[La « crise » est un des maîtres-mots de notre temps. Nous vivons les crises au rythme continu de leur succession qu’elles soient géopolitiques, financières, écologiques, sanitaires… Et si les crises étaient une invitation à repenser les modèles ?…]

« Il n’est point de vent favorable pour qui ignore son port. »
Sénèque

On la définit comme un « brusque changement d’état dans une maladie », ou encore une « aggravation subite », mais aussi un « moment décisif, périlleux », et plus couramment encore comme un « grave déséquilibre économique, écologique… ». Autant de déclinaisons d’un même terme qui renvoient à une perception principalement négative de l’état qu’elle manifeste, ou de sa survenance plus ou moins soudaine. Ainsi en va-t-il de la crise, un mot qui a accompagné les dernières générations successives, de sa remarquable constance. Nous avons grandi dans ce décor des crises qui s’enchaînent au gré des conflits armés, des catastrophes écologiques, des effondrements économiques ou sociaux… et de leur lot d’angoisse, de précarisation, de violence et, bien entendu, de médiatisation. La crise semble si naturelle, si obligée, qu’on aurait presque fini par oublier à quel point ce terme porte en lui une partie de sa propre résolution. En vérité, le mot « crise » vient du grec krisis qui signifie « décision ». Elle est pour Hippocrate, médecin grec (-5e av. J.-C.), ce moment proprement critique durant lequel une maladie prend un virage décisif : soit on en guérit, soit… Non moins intéressante est sa constitution en chinois où la crise est 危机wēijī. Le premier caractère 危 évoquerait un homme qui se tient debout au bord d’une falaise, faisant face au danger, moment absolument critique ! Quant au second caractère, anciennement 機, il peut désigner la « machine » mais aussi une « occasion », une « chance ».

Et si par-delà l’idée de sanction, d’épreuve, de souffrances et d’angoisses, la crise était également « opportunité » au sens premier du terme, à savoir « qui conduit au port » ? N’encouragerait-elle pas alors à mieux poser les problèmes et à prendre les décisions adéquates, pour peu que nous en comprenions l’urgence vitale ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de la « crise » ?

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