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Naissance de Jésus, où et quand ?

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Les évangiles de Matthieu et de Luc font naître Jésus à Bethléem, mais s’accordent ensuite avec les deux autres pour faire de Nazareth sa « patrie ». C’est ce qui a ouvert le débat, car la référence à Bethléem apparaît hautement significative pour l’identification messianique de Jésus. Nazareth était un village sans histoire, mais Bethléem était un lieu biblique, un lieu de mémoire des juifs, marqué par le tombeau de Rachel, un lieu prophétique signalé par le prophète Michée, un lieu davidique enfin. Tout cela permet à l’auteur du premier évangile de présenter Jésus dans le langage des prophètes, comme le Messie issu de la descendance de David, en étayant par cette localisation prédestinée la généalogie qui inaugure cet évangile mais en signale aussi le travail de reconstruction, puisqu’elle se répartit artificiellement en trois séquences de quatorze générations. Quant au troisième évangile, son ouverture témoigne, elle aussi, de réinterprétations intentionnelles, en particulier par la mise en parallèle de deux naissances miraculeuses, celle de Jean le Baptiste et celle de Jésus. Pour Luc, la naissance de Jésus à Bethléem est une évidence, mais il en fait un événement accidentel – justifié par un déplacement de Nazareth à Bethléem, sur lequel on reviendra – alors que pour Matthieu, Bethléem est restée la résidence familiale de Joseph descendant de David. La figure des bergers, premiers témoins de la naissance, permet à Luc de déployer autrement que Matthieu le même thème du Messie davidique, puisque David fut d’abord un berger de Bethléem : c’est un hébraïsme, car la figure du berger, positive dans la Bible, ne l’était pas du tout en Égypte ni dans le monde gréco-romain. Dans le contexte antique, sans doute ne faut-il pas lui donner un contenu sociologique trop marqué et faire naître Jésus dans un lieu d’exclusion sociale, voire avec le bétail : le terme employé par Luc pour désigner l’endroit de la naissance, kataluma, se rapporte à une « halte », moins confortable certes qu’une hôtellerie, qui pouvait être une pièce dans une maison privée ou un local dans un bâtiment collectif de type caravansérail. Il n’y a pas lieu de conclure à une étable, à cause de la « mangeoire » utilisée comme premier berceau, comme on le faisait à l’époque moderne d’un tiroir de commode.

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